Quel impact de l’industrie du jeu vidéo sur le marché de bureaux en Europe ?
Par Alexandre Foatelli | Le | Immobilier
D’après les projections de Savills, le chiffre d’affaires de l’industrie européenne du jeu vidéo devrait connaître une croissance annuelle de 8 % sur les cinq prochaines années. Porté par un tel développement, ce segment pourrait avoir un impact tangible sur le marché de l’immobilier de bureau.
À en croire les dernières analyses de Savills, le secteur européen du jeu vidéo devrait connaître une croissance de son chiffre d’affaires de 8 % par an sur les cinq prochaines années, stimulée par la hausse du nombre d’utilisateurs, de l’adoption du numérique et des investissements des entreprises et par un vivier de programmeurs compétitif. Le conseil international en immobilier s’attend à ce qu’en même temps que l’industrie du jeu vidéo évolue, la présence physique et les besoins des entreprises du secteur s’accroissent, entraînant une hausse de leurs prises à bail de bureaux.
Besoins spécifiques
En effet, au fur et à mesure que l’industrie du jeu évolue et se développe, la présence physique des entreprises et leurs exigences augmentent également. En général, les bureaux des sociétés de jeux intègrent des studios pour le développement et la production de nouveaux jeux et de nouvelles technologies. Cela induit un équipement en matériel de pointe, qui génère de grandes quantités de chaleur et nécessite un refroidissement supplémentaire. De ce fait, les studios sont moins densément occupés que les bureaux traditionnels. En outre, ce matériel et les équipements de refroidissement nécessitent de grandes quantités d’énergie, qui doivent s’avérer hautement résilientes car les pannes/coupures de courant sont préjudiciables.
Localisation
En matière de localisation, les grandes entreprises de jeux vidéo, telles que EA, Tencent, Rockstar Games et SEGA, ont tendance à rechercher des sites en dehors des quartiers d’affaires, bien connectés et proches des bassins de talents, telles les universités. Ces grandes entreprises ont tendance à développer des bureaux et des studios de type campus où plusieurs équipes et départements sont regroupés. D’un autre côté, les petits studios et les promoteurs en pleine croissance, disposant de moins de capitaux pour développer ce type de campus, recherchent généralement des bâtiments prime dans des emplacements de premier ordre afin d’attirer les talents.
« Attirer et conserver les talents reste l’un des plus grands défis auquel les utilisateurs du secteur sont confrontés, avec environ 5 000 programmeurs actuellement en recherche d’un nouvel emploi en Europe. Il existe par conséquent une forte demande pour des espaces de haute qualité et bien placés, correspondant à la culture des entreprises et à leurs objectifs en matière de développement durable. », confirme Serge Vayer, Director Tenant Representation chez Savills France.
Bureaux flexibles
Le mode de travail hybride a également un impact sur le secteur des jeux, bien qu’il soit modéré par rapport à celui du secteur technologique au sens large, étant donné le besoin de collaboration entre différents départements à différents stades du développement du produit rendant la présence physique plus nécessaire. Néanmoins, les défis économiques actuels obligent les entreprises de l’industrie vidéoludique à gérer les coûts et à optimiser leur empreinte professionnelle, car les talents recherchent davantage de flexibilité.
Par conséquent, le secteur des bureaux flexibles devient plus attrayant pour ces sociétés, car il leur permet de faire face aux incertitudes économiques tout en offrant plus de flexibilité à leurs employés. Cependant, les tiers-lieux présentent des défis pour les entreprises du jeu vidéo en termes de sécurité de la propriété intellectuelle lorsque les bureaux sont loués à plusieurs occupants, et en particulier lorsque les autres occupants appartiennent au même secteur. En outre, la majeure partie de la demande des studios de développement émanant de grandes entreprises des jeux vidéo concerne des immeubles de bureaux mono-utilisateur. D’autre part, les grandes sociétés de jeux craignent une perte de productivité lorsque leurs employés sont plus flexibles, car cela réduit la collaboration entre les équipes.
« Compte tenu de la concurrence pour recruter des talents sur ce marché, de nombreuses entreprises de jeux vidéo préfèrent ne pas risquer de se retrouver dans le même immeuble de bureaux que leurs concurrents. Nous savons aussi que ces entreprises prennent très au sérieux leur propriété intellectuelle et la sécurité de leurs bureaux », ajoute Rob Pearson, Director, Tenant Advisory chez Savills.