Stratégies

[INFOGRAPHIE] Les 5 défis majeurs de l’immobilier d’entreprise d’ici 2025

Par Alexandre Foatelli | Le | Immobilier

Après avoir sondé les aspirations des salariés tout au long de la crise sanitaire, JLL publie sa première grande enquête auprès de 1 095 décideurs immobiliers de grandes entreprises et de PME dans le monde. Celle-ci fait le point sur la façon dont les décideurs immobiliers prennent en compte les évolutions du monde du travail dans leur politique.

JLL publie sa première grande enquête auprès de 1 095 décideurs immobiliers dans le monde. - © iStock
JLL publie sa première grande enquête auprès de 1 095 décideurs immobiliers dans le monde. - © iStock

Depuis la publication il y a quatre ans par JLL de son précédent rapport sur le Future of Work, le monde du travail a considérablement changer, alors que les salariés manifestent des attentes de plus en plus fortes. La crise sanitaire mondiale a obligé les entreprises à s’adapter et à évoluer rapidement pour accompagner leurs salariés dans cette nouvelle réalité. Afin d’identifier l’ampleur de ces évolutions, JLL a mené une nouvelle enquête d’envergure afin d’étudier en profondeur les préoccupations de plus de 1 100 décideurs immobiliers à travers le monde, dont 118 français.

Les résultats de cette étude mettent en lumière 5 constats principaux exprimées par les décideurs à horizon 2025, s’articulant principalement autour des questions environnementales, de la résilience des salariés et de la mise en œuvre du travail hybride.

1er constat : le travail hybride est devenu une norme

À la lumière des enseignements de l’étude, il apparaît indéniable que le travail hybride est appelé à s’ancrer durablement dans les pratiques de travail. D’ici 2025, plus de la moitié des entreprises laisseront entièrement à la main des salariés l’organisation de leurs journées de travail. En outre, les décideurs immobiliers pensent en grande majorité que proposer un modèle de travail hybride sera essentiel pour attirer et retenir les talents de demain.

Le travail hybride est devenu une norme - © Républik Workplace
Le travail hybride est devenu une norme - © Républik Workplace

Pour réussir la mise en œuvre de ce mode d’organisation, les entreprises doivent l’intégrer à grande échelle et adapter leur portefeuille immobilier pour donner aux salariés les moyens de travailler partout. Cela exige une gestion dynamique de l’occupation des locaux afin de s’assurer une flexibilité des espaces et une agilité des salariés optimales.

En France, le recours aux espaces flexibles est l’une des pistes pour adopter le travail hybride, avec 42 % des décideurs sondés qui souhaitent accroître leurs investissements dans les serviced offices ou le coworking. En parallèle, 73 % des décideurs immobiliers dans le monde prévoient de passer à des espaces de travail aménagés en flex office contre seulement 59 % en France, où une réticence plus forte à la mutualisation des postes de travail demeure.

« Le flex office permet aux entreprises d’entrer dans une logique de performance du ratio service/coûts, qui est d’autant plus important dans un contexte économique incertain. La mutualisation en France démarre à 8 postes pour 10 personnes, mais certaines entreprises peuvent aller jusqu’à 4 postes pour 10 personnes », indique Rémi Calvayrac, directeur du Workplace and Design chez JLL.

2e constat : priorité à la qualité des espaces

Par conséquent, la priorité à court terme sera davantage d’investir dans des espaces de qualité plutôt que d’étendre la surface immobilière totale En effet, les collaborateurs exigent désormais des « espaces de qualité » de la part de leurs employeurs. Pour que le bureau soit le meilleur lieu de travail possible et qu’il soit source de bien-être, il doit être repensé de façon à répondre aux souhaits et préférences des salariés.

Priorité à la qualité des espaces - © Républik Workplace
Priorité à la qualité des espaces - © Républik Workplace

La majorité des décideurs pensent effectivement que la priorité doit aller à l’investissement dans la qualité des espaces, plus qu’à l’augmentation de leur empreinte immobilière. En France, les décideurs sont particulièrement prudents : seul un tiers d’entre eux envisagent d’augmenter leur surface occupée d’ici 2025, bien en deçà des 57 % constatés au niveau global, même s’ils étaient confrontés à une croissance des effectifs. En revanche, l’expérience de travail offerte aux salariés se veut plus durable, socialement responsable et plus digitale.

3e constat : les aspirations sociales et environnementales incontournables

Les réponses des décideurs illustrent que les aspirations sociales deviendront aussi importantes que les ambitions environnementales et façonneront la transformation future du portefeuille immobilier La démarche responsable des entreprises devra donc dépasser la question environnementale pour étendre son empreinte sociale. Il s’agit pour l’immobilier d’entreprise d’accroître ses investissements dans ce domaine et de favoriser les partenariats avec les pouvoirs publics et institutionnels, les acteurs locaux ainsi que les fournisseurs responsables.

Parmi les sondés, près de 8 entreprises sur 10 affirment que leurs salariés attendent un lieu de travail à impact positif sur la société. Côté environnemental, 56 % des répondants affirment que leur organisation a déjà payé, ou paiera d’ici 2025, une prime verte pour occuper un espace exemplaire en matière de durabilité. Un niveau qui tombe à 32 % pour la France. « Les directions d’entreprises ont pris conscience du levier essentiel que représente l’immobilier dans leur stratégie globale. Outre le fait qu’il soit le deuxième poste de dépense, l’immobilier contribue également à améliorer l’impact social et environnemental d’une entreprise », commente Rémi Calvayrac.

4e constat : l’immobilier doit investir dans les technologies

Pour rattraper leur retard et réussir à rester compétitives, les entreprises devront consentir à de solides investissements dans les technologies et la data au cours des trois prochaines années. Au-delà de stimuler la performance des salariés, la technologie peut se mettre au service du bâtiment et du portefeuille immobilier. La maîtrise de la donnée immobilière revêt une importance accrue pour décoder et anticiper les nouvelles pratiques de travail. Or, seuls 7 % des décideurs en France déclarent collecter des données de manière régulière.

« On est très en retard sur l’utilisation de la data pour l’occupation dynamique des espaces, mais il y a une véritable volonté d’investir en ce sens », rassure Rémi Calvayrac.

5e constat : des besoins immobiliers de plus en plus sophistiqués et complexes

Pour répondre aux besoins futurs de l’immobilier d’entreprise, la constitution d’un écosystème de partenaires externes jouera un rôle essentiel. Cette externalisation devra permettre de répondre aux attentes identifiées de manière plus ciblée et étoffée, en favorisant un apport de connaissances complémentaires et une collaboration hors du secteur de l’immobilier traditionnel.

37 % des décideurs au niveau mondial envisagent de recourir davantage à la sous-traitance pour leur stratégie d’aménagement (ils sont seulement 19 % en France). Santé, bien-être et énergies renouvelables seront les services immobiliers dont l’externalisation va le plus augmenter d’ici 2025. En France, la tendance est moins forte qu’ailleurs : 37 % pour la santé et le bien-être (contre 44 % au global), et 36 % pour les énergies renouvelables (contre 43 %).

Des besoins immobiliers de plus en plus sophistiqués et complexes - © Républik Workplace
Des besoins immobiliers de plus en plus sophistiqués et complexes - © Républik Workplace

Les décideurs seront confrontés à ces nombreux défis pour les années à venir. Ceux-ci nécessiteront une réflexion de fond à la fois sur les modes de travail, l’expérience collaborateur, l’environnement de travail, mais aussi le portefeuille immobilier, de façon à aligner l’immobilier d’entreprise avec les priorités futures de l’organisation. D’ici à 2025, JLL identifie l’existence d’une fenêtre d’opportunités pour que les décideurs de l’immobilier d’entreprise concrétisent leur plan d’action en répondant aux attentes de l’ensemble des parties prenantes que sont les collaborateurs, les dirigeants, les actionnaires et la société civile. Flore Pradère, directrice Recherche et Prospective Bureaux chez JLL, souligne que « 77 % des décideurs mondiaux et 57 % des Français s’attendent à un renforcement de leur pouvoir d’action d’ici 2025. Mais ils vont devoir répondre aux attentes de l’ensemble des parties prenantes, en composant avec les collaborateurs, les dirigeants, les actionnaires, ainsi qu’avec la société civile », conclut elle.


*Etude mondiale menée entre avril et mai 2022 auprès de 1 095 décideurs de l’immobilier d’entreprise. Le panel global comprend une majorité de très grandes entreprises, avec plus de 40 % d’entre elles qui emploient plus de 5 000 personnes dans le monde, et près d’un quart (24 %) qui emploient plus de 10 000 personnes dans le monde.  

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