La France s’adjuge le titre de championne d’Europe du retour au bureau
Par Alexandre Foatelli | Le | Modes de travail
Cet article est référencé dans notre dossier : Télétravail : où en est-on (à peu près) ?
D’après des données de JLL, la France est le pays d’Europe où le retour au bureau est le plus important. Une réalité qui n’est pas sans poser des questions stratégiques sur lesquelles l’Association des Directeurs Immobiliers (ADI) s’est interrogée.
Le communiqué de l’Association des Directeurs Immobiliers (ADI) débute par une douce ironie : durant l’été, l’éditeur de logiciel Zoom, figure tutélaire avec Microsoft Teams du télétravail, a demandé à ses salariés de revenir sur site deux jours par semaine. Pour Frédéric Goupil de Bouillé, président de l’ADI, « le télétravail rencontre ses limites et le retour des salariés au bureau est nécessaire pour relancer les dynamiques d’innovation et de performance. »
Dans ce cas, bonne nouvelle pour les entreprises ayant des effectifs français : la France est le pays d’Europe où le nombre de jours au bureau est le plus élevé, avec 3,5 jours de présence sur site par semaine dans l’Hexagone selon la dernière étude de la société de conseils JLL*. Un chiffre bien plus important que les autres nations étudiées telles que la Suisse (3 jours), le Royaume-Uni (2,6 jours), l’Espagne (2,5 jours) et l’Allemagne (1,5 jour). Un constat faisant écho à celui dressé par Savills au printemps, qui démontrait une hausse des taux d’occupation des bureaux à des niveaux proches de la période pré-Covid à Paris.
« Deux ans après le déconfinement, le retour au bureau n’est plus un sujet en France, mais l’enjeu désormais c’est l’occupation lissée et harmonieuse du site à l’échelle de la semaine », expose Flore Pradère, directrice de la Recherche Work Dynamics chez JLL.
Ce constat d’une plus forte présence moyenne des salariés français pose d’autres questions aux directions immobilières. Comment faire face aux pics et aux creux de présence ? Existe-t-il une solution aux bureaux désertés le vendredi ?
Injonctions contradictoires
Être sobre - en mètres carrés et en énergie - tout en améliorant les connexions sociales et la productivité. Telle est donc l’équation posée aux directions immobilières. Devant l’enjeu de sobriété et de réduction de l’empreinte carbone, elles doivent avant tout réduire leur empreinte immobilière (52 % des répondants) et les consommations énergétiques (42 % des sondés), indique une autre enquête de JLL**. Mais elles doivent également s’assurer que les bureaux remplissent toutes leurs promesses, en facilitant tout à la fois, toujours selon les données de JLL, les échanges en face à face (91 %), la productivité des collaborateurs (64 %), les connexions sociales (61 %) et en contribuant au renforcement de la culture d’entreprise (58 %).
Afin de répondre efficacement à la demande de leurs « clients internes », les directeurs immobiliers doivent « piloter les flux pour lisser la venue sur site et garantir une expérience de travail de qualité », conseille Flore Pradère. Ainsi, c’est donc l’orchestration du travail hybride qui pêche encore aujourd’hui, alors que « des pics de présence le mardi et le jeudi » sont toujours observés, comme le rappelle Frédéric Goupil de Bouillé.
« Aujourd’hui l’enjeu majeur pour les entreprises est de parvenir à organiser la présence des salariés au bureau tout au long de la semaine et à proposer une animation attrayante des espaces et des équipes, le tout dans un contexte d’optimisation des coûts. Les managers ont un rôle fondamental à jouer, car ils doivent impulser la dynamique d’équipe. Ce faisant, ils donnent du sens à la venue sur site », met en exergue Flore Pradère.
Pour parvenir à cette occupation harmonieuse, une multitude de solutions existent et son citées : doter le manager d’outils de suivi et d’action, promouvoir une nouvelle organisation collective portée par le manager, trouver des solutions digitales ou encore proposer des animations sur site.
Cela étant, l’analyse et la pleine compréhension des raisons de venir au bureau nécessiterait aussi de prendre en compte bien des facteurs : la bonne adaptation ou non des logements au télétravail, les considérations économiques à l’ère de l’inflation des prix de l’énergie, la culture plus ou moins enclin au télétravail isolé, etc.
* Etude JLL, GBS - Hybrib benchmarks, menée auprès de 208 entreprises dans le monde dont 44 en Europe.
** Etude JL, GBS - Pulse Survey 2023, menée auprès de 200 grands comptes à travers le monde, accompagnés par JLL.