Semaine de 4 jours : la Matmut consulte ses collaborateurs en vue d’une éventuelle expérimentation
Par Alexandre Foatelli | Le | Modes de travail
Parmi les sujets d’évolution potentielle du travail, la semaine de 4 jours figure régulièrement dans les études sur les attentes des salariés. À l’heure où le rapport au labeur se tend (ou se distend), l’hypothèse de laisser plus de place à la vie personnelle dans les agendas se fraye un chemin. Dernier exemple en date, la Matmut lance une grande consultation auprès de ses collaborateurs pour savoir s’ils seraient intéressés par l’expérimentation de ce modèle.
À la veille d’un vendredi férié, projetons-nous dans une tendance : la semaine de 4 jours. Depuis la revendication initiale dans les années 1990, portée notamment par Pierre Larrouturou et Gilles de Robien en France, la semaine de 4 jours (ou semaine en 4 jours) consiste à répartir différemment le temps de travail hebdomadaire, qu’il s’agisse de réduire le nombre d’heures pour chacun ou de condenser le même volume horaire sur quatre jours. Le but défendu étant d’améliorer la qualité de vie au travail (QVT) des salariés en leur donnant plus de temps pour leur vie personnelle, tout en prônant une incitation à l’embauche, à l’instar de l’objectif de la mise en place des 35 heures.
Post-Covid, dans la mouvance du travail hybride et dans un contexte général où le rapport au travail tend plutôt vers une dégradation, le sujet est revenu sur le devant de la scène. Les études sur les attentes des salariés testent l’hypothèse et les avancées technologiques, telles que l’IA, sont vues comme un potentiel pour permettre la bascule dans ce nouveau modèle. En matière d’initiatives sur le sujet, le Groupe Matmut, acteur tricolore majeur de l’assurance, a décidé de consulter une grande partie de ses collaborateurs pour connaître leur intérêt pour une potentielle expérimentation.
2 000 collaborateurs appelés à s’exprimer
Fin juillet les organisations syndicales Matmut représentatives du personnel ont signé unanimement les deux accords d’entreprise relatifs au télétravail. Ceux-ci prévoient, d’une part, la deuxième génération de dispositifs de télétravail pour les collaborateurs de l’UES Matmut, avec l’introduction d’un télétravail flexible en complément du télétravail habituel à compter de janvier 2025, et le maintien de l’expérimentation du télétravail dans les agences d’autre part.
Concernant le réseau des agences, l’accord dédié prévoit en complément la mise en place d’un sondage préalable au déploiement éventuel d’une expérimentation de la semaine en 4 jours, afin de mesurer l’intérêt des collaborateurs et leur éventuel volontariat. À l’issue de trois réunions de travail entre la direction et les organisations syndicales courant septembre pour construire le cadre de cette démarche de consultation des collaborateurs, le sondage a été adressé aux 2 050 collaborateurs Matmut en CDI, répartis dans 480 agences partout en France, le 10 octobre. Ils pouvaient donner leur avis jusqu’au vendredi 18 octobre.
Afin que l’expérimentation de la semaine de 4 jours soit mise en place sur une durée de 18 mois, un panel représentatif d’agences devra se constituer dans les suffrages exprimés, soit une centaine d’agences au total réparties sur l’ensemble des secteurs de vente. Par ailleurs, pour qu’une agence participe à l’expérimentation, la totalité des collaborateurs y travaillant devra avoir répondu favorablement à cette proposition de volontariat.
« Cette proposition est […] respectueuse des nouveaux équilibres vie privée / vie professionnelle, notamment en permettant trois jours de repos hebdomadaires et en réduisant les temps de transport de nos collaborateurs. Laissons ces derniers nous signaler leur intérêt et nous préciser s’ils se positionnent en tant que volontaires. Cela permettra aux partenaires sociaux de continuer à bâtir le cadre nécessaire à l’expérimentation. Notre démarche participative vise à réunir les meilleures conditions possibles pour expérimenter un nouveau mode d’organisation du travail qui participera à l’attractivité du métier de conseiller en agence », commente Véronique Jolly, membre du comex du Groupe Matmut, en charge de la Direction des Ressources Humaines.
Au total, le Groupe Matmut compte 6 800 collaborateurs, 4,5 millions de sociétaires et 8,3 millions de contrats d’assurance gérés. En attendant de connaître le résultat de cette consultation, les actifs français sont, semble-t-il, majoritairement favorable au modèle de la semaine de 4 jours. Dans une récente étude, Indeed révélait que 67 % des salariés aimeraient travailler 4 jours par semaine en conservant la même quantité d’heures hebdomadaires, que 82 % y seraient favorables pour une rémunération identique et un temps de travail hebdomadaire réduit, et même que 28 % l’envisageraient même si cela s’accompagnait d’une rémunération diminuée proportionnellement.