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Télétravail, flex office, semaine de 4 jours… quels modes et espaces de travail en Europe ?

Par Alexandre Foatelli | Le | Modes de travail

Au travers d’une enquête qui a interrogé 2 800 collaborateurs, Parella met en perspective les modes et espaces de travail de six pays européens. Voici les principaux enseignements.

Parella a sondé près de 3 000 collaborateurs dans six pays européens sur leur manière de travailler. - © Parella
Parella a sondé près de 3 000 collaborateurs dans six pays européens sur leur manière de travailler. - © Parella

C’était il y a quatre ans maintenant : l’épidémie de Covid faisait basculer les emplois tertiaires en Europe et le reste du monde en télétravail forcé du jour au lendemain. Télétravail, visioconférence, travail asynchrone se sont imposés dans notre vocabulaire quotidien. Puis s’y sont ajoutés le retour au bureau, le flex office, le travail hybride, la gestion des présences, le maintien du collectif… La transformation du travail était déjà en marche. Ainsi, le temps long de l’immobilier s’est trouvé confronté aux besoins immédiats des entreprises de transformer leurs locaux et aux incertitudes d’un modèle qui cherche encore son équilibre. Afin de mettre en exergue les tendances communes et les spécificités potentielles des modes de travail dans six pays européens (France, Royaume-Uni, Allemagne, Italie, Espagne et Pays-Bas), Parella a mené une étude auprès d’un panel de 2 800 collaborateurs.

Télétravail : une pratique largement répandue

En moyenne, 67 % des salariés interrogés déclarent que le télétravail est autorisé dans leur entreprise. Les données spécifiques par pays révèlent des variations intéressantes dans l’adoption du télétravail. Par exemple, la France (71 %), les Pays-Bas (71 %) et l’Allemagne (69 %) affichent les taux d’adoption les plus élevés. Ces pays ont souvent des politiques gouvernementales favorables au télétravail et une culture de travail qui valorise l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle.

Dans votre entreprise, quel est le nombre de jours de télétravail autorisé par semaine ? - © Parella
Dans votre entreprise, quel est le nombre de jours de télétravail autorisé par semaine ? - © Parella

En revanche, des pays comme l’Italie (62 %) et le Royaume-Uni (63 %) présentent des taux d’adoption légèrement inférieurs. Ces différences peuvent être attribuées à des facteurs culturels, réglementaires ou économiques spécifiques à chaque pays. Par exemple, le Royaume-Uni a traditionnellement une culture de travail plus axée sur le bureau, tandis que l’Italie peut être confrontée à des défis structurels tels que l’infrastructure numérique limitée.

Une autre tendance frappante est la hausse significative du nombre de jours de télétravail autorisés dans plusieurs pays. Notamment, 51 % des entreprises aux Pays-Bas ont élargi les opportunités de travail à distance post-pandémie, reflétant une adoption robuste des arrangements de travail flexibles. Cette augmentation des jours de télétravail indique un changement fondamental vers une culture de travail à distance dans les entreprises néerlandaises. À l’inverse, l’Italie se distingue avec le pourcentage le plus élevé d’entreprises (39 %) réduisant le nombre de jours de télétravail autorisés après la crise.

Depuis la fin de la crise sanitaire, avez-vous fait évoluer le nombre de jour de télétravail autorisés ? - © Parella
Depuis la fin de la crise sanitaire, avez-vous fait évoluer le nombre de jour de télétravail autorisés ? - © Parella

Cette tendance suggère un possible retour à des arrangements de travail plus traditionnels dans les entreprises italiennes, indiquant une réticence à adopter le télétravail comme une pratique permanente. À travers l’Europe, on observe une réponse mitigée aux changements dans les politiques de télétravail. Par exemple, alors que l’Allemagne et la France démontrent une proportion significative d’entreprises maintenant leurs politiques de télétravail (36 % et 43 % respectivement), on observe également une augmentation notable des jours de télétravail autorisés (40 % et 37 % respectivement). Cette réponse mitigée souligne la complexité de concilier les avantages du télétravail avec les besoins organisationnels et les préférences culturelles.

Cependant, malgré ces variations, Parella note que la tendance générale vers une adoption croissante du télétravail est claire. Les avancées technologiques, les besoins changeants des collaborateurs et les avantages perçus pour les entreprises contribuent tous à cette évolution. Le télétravail offre non seulement une flexibilité accrue aux collaborateurs, mais il peut également aider les entreprises à réduire les coûts, à accroître la productivité et à améliorer la satisfaction des collaborateurs.

Flex office : des différences notables entre les pays

Allant souvent de pair avec le télétravail et les nouveaux modes de travail, l’évolution vers le flex office, ou environnements de travail dynamiques, est une tendance majeure à travers les pays. Le Royaume-Uni se distingue avec 40 % des entreprises l’ayant déjà mis en place, indiquant une adhésion significative à ce concept de lieu de travail flexible. Les Pays-Bas affichent également un taux d’adoption important, avec 39 % des entreprises le mettant en œuvre. Alors que certaines entreprises ont déjà adopté le flex office, il y a également un pourcentage notable qui prévoit de le mettre en œuvre dans un avenir proche. Par exemple, en France, 14 % des entreprises ont prévu le flex office, ainsi que 16 % au Royaume-Uni et aux Pays-Bas. Cela suggère une reconnaissance croissante des avantages de ce mode d’organisation des espaces et une volonté de l’adopter en réponse aux dynamiques changeantes du lieu de travail.

Etes-vous en flex office ? - © Parella
Etes-vous en flex office ? - © Parella

Cependant, une proportion substantielle d’entreprises dans tous les pays n’a pour le moment pas envisagé sa mise en place, à l’instar de l’Allemagne, où 67 % des entreprises n’ont aucune intention d’aménager leurs locaux en flex office, suivi de l’Italie avec 62 % et la France avec 62 %. Pour Parella, cela indique de potentiels obstacles ou des défis dans l’adoption de ce type d’environnement de travail, tels que la perte de repères personnels, les difficultés à trouver des espaces de travail disponibles, les problèmes de confidentialité, les perturbations accrues, et l’absence de personnalisation de l’espace de travail.

En outre, dans les centres-villes où le prix de l’immobilier est nettement plus élevé, les entreprises sont confrontées à une pression accrue pour optimiser leur empreinte immobilière. Par conséquent, les bureaux dans ces centres urbains sont plus enclins à explorer des solutions pour maximiser l’efficacité de l’espace et réduire les coûts. En revanche, les bureaux situés dans des zones moins centrales peuvent avoir plus de latitude pour maintenir des configurations traditionnelles en raison de la pression immobilière moins forte.

La semaine de 4 jours fait son chemin dans les esprits

L’analyse des différentes initiatives proposées par les employeurs offre des perspectives sur les attentes et les réactions des collaborateurs face à des changements majeurs dans leur environnement de travail. Les scores élevés (de 56 % à 76 %) indiquent une réception généralement positive concernant l’adoption de la semaine de 4 jours. Cela suggère que de nombreux collaborateurs voient le passage à une semaine de travail plus courte comme une amélioration de leur qualité de vie et de leur équilibre travail-vie personnelle. Ils peuvent percevoir cela comme une reconnaissance de leur besoin de repos et de temps libre pour se ressourcer et être plus productifs lorsqu’ils sont au travail.

La semaine de 4 jours, largement demandée par les collaborateurs en Europe - © Parella
La semaine de 4 jours, largement demandée par les collaborateurs en Europe - © Parella

L’enquête a été menée en ligne auprès d’un panel européen de 2 800 collaborateurs. Les résultats présentés sont représentatifs de la population des collaborateurs dans les entreprises de 50 collaborateurs ou plus travaillant au moins un jour par semaine dans un bureau. Les variables prises en compte comprenaient le sexe, l'âge, la catégorie socio-professionnelle, la région, la taille de l’entreprise et le secteur d’activité.