Le désamour grandissant des Français envers la ville
Par Alexandre Foatelli | Le | Immobilier
Cet article est référencé dans notre dossier : Les tendances du workplace en 2023
Autrefois espace d’émancipation et d’ascension sociale, la ville est aujourd’hui une source de multiples contraintes. Réalisée pour Quartus, en partenariat avec OpinionWay et BETC, une étude rassemblant les opinions de 1 500 citadins métropolitains met en lumière le désamour croissant des Français envers la vie urbaine.
Dans un sens, les entreprises réfléchissent toutes à la localisation de leurs bureaux, les critères de centralité et la quête d’une vie de quartier animé étant bien souvent indispensables. Mais, à l’opposé, la vie urbaine n’est plus un eldorado pour les Français. Afin de sonder le phénomène de désamour de la ville, l’ensemblier urbain Quartus a mené une enquête auprès de 1 500 citadins métropolitains, en association avec l’institut de sondage OpinionWay et BETC*.
La moitié des Français estime que la ville n’est pas faite pour eux
En premier lieu, la ville est questionnée dans sa capacité à faire face au réchauffement climatique. Sur ce point, 76 % des Français craignent que la ville devienne étouffante à cause du réchauffement climatique. Au point même de provoquer de l’anxiété, particulièrement chez les 18-24 ans. Ensuite, le sentiment d’inégalité et de discrimination ne cesse de croître chez les Français : le prix des logements est la première raison qui leur ferait quitter la ville et 76 % affirment que les villes n’offrent pas la même qualité de vie pour les femmes. Enfin, l’impact du digital sur le travail remet en cause l’utilité de la ville. Les répondants sont 67 % à considérer que le digital permettra demain de tout faire depuis chez soi et rendra la ville moins indispensable.
Pour toutes ces raisons, 52 % des citadins interrogés estiment que la ville n’est tout simplement pas faite pour eux. Dans la continuité, 64 % des Français déclarent qu’habiter dans une grande ville peut constituer une étape dans une vie mais ne peut être en aucun cas un choix de long terme et 61 % d’entre eux quitteraient la ville s’ils en avaient la possibilité ou les moyens.
Les espaces partagés… très peu pour les Français !
Exit le coliving, les espaces partagés et le sens du commun… d’après les résultats du sondage mené par Quartus, l’heure n’est plus tout à fait au partage en 2023. La nature semble être la seule chose que les Français souhaitent partager. Ainsi, 71 % des prosumers** placent le jardin loin devant les autres types d’espaces partagés (chambre d’invités, espace de travail partagé) qu’ils aimeraient voir dans leur quartier. Une tendance de fond au repli sur le foyer que l’étude observe également dans le rapport à l’anonymat de la ville. Loin de générer de l’inquiétude, ce repli est associé par 72 % des Français à une forme de liberté.
Bien que le phénomène de migration loin des centres urbains soit encore marginal, des cœurs de ville qui attirent les entreprises et font fuir les habitants pourraient impactés la géographie du travail.
*Étude réalisée sur un échantillon représentatif de la population de 1 500 personnes âgées entre 18 et 65 ans, à égalité hommes/femmes et vivant dans des agglomérations de 100 000 habitants et plus, soit 46,7 % des Français.
**La méthodologie prosumers, développée par Havas Worldwide et BETC depuis plus de 20 ans, permet d’identifier les dynamiques et tendances à venir dans les 12 à 18 prochains mois. Identifiés à travers un algorithme propriétaire de questions attitudinales, les prosumers sont prédictifs des comportements grâce à leur capacité d’influence auprès de leurs pairs.