Focus sur les habitudes de jeu pendant les heures de travail

Depuis l’apparition du télétravail dans le quotidien des salariés du secteur tertiaire, les discours émanant des entreprises fustigeant la perte de productivité se cachent en filigrane des rengaines sur les nuisances pour la capacité d’innovation ou pour la constitution de collectif fort. Outre l’oubli qui confine à la malhonnêteté de remettre en question l’absence de compétence du management à accompagner la transition vers le travail hybride - dont les managers « de terrain » sont plus souvent victimes que responsables -, cette vision omet aussi que la présence physique au bureau n’a jamais empêché d’occuper son temps de travail à autre chose, comme jouer en ligne, d’autant plus dans les entreprises pratiquant le BYOD.

En effet, les jeux en ligne sont accessibles très facilement en toute heure et en tout lieu, et ils se sont peu à peu infiltrés dans les heures de travail. Ces derniers peuvent offrir une échappatoire efficace à un quotidien professionnel parfois stressant ou démotivant, mais ils peuvent également prendre beaucoup de place et finir par se révéler nuisible à la productivité. Afin de fournir une estimation de ce que peut représenter l’activité vidéoludique dans la quotidien professionnel et les habitudes observables au cours de la journée, Solitaire.net a analysé les données de connexion sur son site. La plateforme de jeu éditée par Easybrain a étudié les habitudes de jeu des salariés dans quatre pays d’Europe : la France, l’Allemagne, l’Italie et la Pologne.

Dans quel pays joue-t-on le plus durant ses heures de travail ?

Selon les données sur les sessions de jeux par Solitaire.net, le classement place l’Allemagne (57 105 sessions) très loin devant les autres pays observés avec plus du double du nombre enregistré en France (26 691), qui se place à la deuxième place, devant l’Italie (21 302) et la Pologne (16 120). Il convient de noter que les données ont été collectées durant le mois de juillet, une période où l’assiduité au travail pourrait être quelque peu érodée.

Un résultat brut qui viendrait à l’encontre du stéréotype de la rigueur allemande, que Solitaire.net a voulu mettre en perspective avec la population totale de chacun de ces pays. En effet, l’Allemagne étant le pays le plus peuplé d’Europe, le plus grand nombre de sessions de jeux enregistrées pourrait n’être qu’un résultat mécanique. Bien qu’il aurait été plus pertinent de prendre en compte la population active, le classement proportionnel place toujours l’Allemagne en tête, mais cette fois devant la Pologne puis la France, l’Italie fermant la marche.

Quid des habitudes de jeu au cours de la journée ?

En complément du nombre des sessions, Solitaire.net s’est intéressé plus en détail aux habitudes de jeu dans chacun de ces quatre pays, heure par heure.

Allemagne

Chez nos voisins outre-Rhin, les données montrent des chiffres assez élevés dès tôt le matin, avec 5 781 sessions enregistrées à 9h. Ensuite, un premier pic est atteint à 13h, avec 6 602 sessions. Cela coïncide avec l’heure de la pause déjeuner, suggérant que de nombreux employés allemands font usage de ce moment de calme pour jouer en ligne. Après 14h, les chiffres diminuent avant de repartir à la hausse et d’atteindre un nouveau pic à 17h, avec 6 658 sessions.

France

En France, les statistiques récoltées indiquent un premier pic à 10h, avec 2 831 sessions enregistrées. Cela pourrait coïncider avec l’heure d’une pause-café-cigarette, une tradition bien française. Ensuite, le nombre de sessions enregistrées diminue, avant de remonter pour l’heure de la pause déjeuner (particulièrement après 13h), durant laquelle les Français ont pour habitude de prendre leur temps. Principalement pour manger, mais aussi pour discuter, se reposer, ou… jouer à des jeux en ligne comme le montrent ces chiffres. Durant l’après-midi, les chiffres stagnent voire augmentent, ce qui suggère que certains français continuent de jouer en ligne, même après la pause déjeuner. Un dernier pic est atteint à 17h, avec 3 350 sessions. Comme en Allemagne, la fin de journée semble synonyme de lâcher prise.

Italie

Chez nos voisins transalpins, les données montrent un schéma un peu différent pour ce pays : l’augmentation se fait beaucoup plus progressivement dans la matinée et n’atteint un premier pic qu’à 13h, avec 2 674 sessions enregistrées. Cela indique que plus la pause déjeuner approche, plus les Italiens relâchent la pression et jouent en ligne. Ensuite, toute l’après-midi, les chiffres stagnent. Entre 2 650 et 2 750 sessions sont enregistrées chaque heure, jusqu’à 16h. C’est seulement à 17h que cette stagnation se termine, avec une chute à 2 495 sessions. Ces chiffres montrent que les Italiens semblent éprouver des difficultés à « se remettre au travail » après la pause déjeuner, et ont tendance à continuer de jouer jusqu’à assez tard. Ils ne s’arrêtent de jouer que peu de temps avant de partir du bureau.

Pologne

Enfin, en Pologne, le nombre de sessions enregistrées à 9h est de 1 505. Ce chiffre va ensuite augmenter progressivement, avec une première grosse augmentation non pas à 13h, mais à 12h, avec 1 801 sessions. Cela suggère que les Polonais prennent leur pause déjeuner plus tôt qu’ailleurs, et en profitent aussi pour jouer. Cependant, le pic de la journée n’est atteint qu’à 17h, avec 2 041 sessions initiées. Comme ailleurs, les Polonais « craquent » un petit plus en fin de journée.

Tandis que l’opposition stérile entre présentéisme au bureau et pratique du télétravail ne tranche jamais vraiment les questions de fonds sur l’engagement des salariés, leur productivité ou leur bien-être au travail, se poser la question « pourquoi les salariés ressentent le besoin de jouer pendant leurs heures de travail ? », et ce quel que soit la culture supposée ou réelle de leur pays, serait peut-être plus efficace pour créer des conditions de travail plus profitables à tous…