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Les agents de la Fonction publique territoriale exposés aux RPS et à l’épuisement

Par Alexandre Foatelli | Le | Qvt

Un baromètre mené par Moodwork, idealCO et la MNFCT évalue le niveau de bien-être et de santé mentale des agents de la Fonction publique territoriale (FPT). Bien que la grande majorité des agents territoriaux trouve un sens à leur vie professionnelle, la charge au travail et le manque de reconnaissance exposent aux risques psychosociaux (RPS) et à l’épuisement.

Les agents de la Fonction publique territoriale exposés aux RPS et à l’épuisement
Les agents de la Fonction publique territoriale exposés aux RPS et à l’épuisement

En marge des rencontres Nationales du Capital humain de la FPT, organisées à Blois durant la semaine de la QVCT (Qualité de Vie et des Conditions de Travail), Moodwork, entreprise spécialisée dans la prévention de la santé mentale au travail, et idealCO, plateforme collaborative de la sphère publique, avec la participation de la MNFCT (Mutuelle Nationale des Fonctionnaires des Collectivités Territoriales), dévoilent leur baromètre d’évaluation du niveau de bien-être et de santé mentale des agents de la Fonction publique territoriale (FPT).

« Nous sommes déterminés à mettre en lumière les défis auxquels sont confrontés les agents des collectivités et à leur offrir des solutions adaptées pour soutenir leur bien-être et leur santé mentale au travail. Notre objectif est d’accompagner au mieux les agents avec des solutions concrètes et adaptées pour chaque agent », déclare Benjamin Brion, cofondateur de Moodwork.

Cette étude a été conduite auprès de 1 900 répondants qui ont été interrogés sur quatre principaux axes : la santé mentale et le bien-être au travail, le sens au travail, l’impact de l’absentéisme et enfin la formation et la sensibilisation aux risques psychosociaux. Les résultats de cette première édition du baromètre mettent d’abord en avant une charge de travail très régulièrement élevée dans la FPT, ressentie par 47 % des répondants. Un chiffre plus élevé pour les femmes (50 %) et encore plus pour les managers (58 %).

Par conséquent, 45 % des personnes interrogées se sentent d’ailleurs épuisés plus d’une fois par semaine et 44 % des répondants ressentent plusieurs fois par semaine de l’irritation à cause de leur travail. En outre, la déconnexion semble difficile pour 65 % des répondants qui pensent régulièrement à leur travail le soir ou le week-end. Une proportion qui s’élève même à 82 % chez les managers - dont 56 % d’entre eux estiment dépasser le cadre de leurs horaires légaux de travail.

Des métiers qui font sens

Malgré ces résultats soulignant la charge de travail ressentie et les difficultés à se déconnecter, le baromètre démontre en parallèle que la grande majorité des agents de la FPT trouvent du sens dans leur métier. Loin des clichés jugeant la fonction publique monotone et peu active, 72 % des répondants estiment s’ennuyer rarement au travail et 68 % pensent qu’il leur permet de développer des compétences. Les agents ressentent également un sens élevé dans leur travail : 82 % des répondants le jugent utile pour la société.

En revanche, le baromètre alerte sur un manque de considération sur les risques psychosociaux (RPS). Une situation à ne pas prendre à la légère, car ces risques favorisant des pathologies comme les dépressions, les troubles du sommeil, les troubles cardiovasculaires, les ulcères, ou encore les maladies psychosomatiques. D’après le retour des participants, la formation et la sensibilisation aux RPS (harcèlement, surcharge de travail, conflits internes, violences, etc.) apparaissent comme faibles, voire inexistantes, dans certaines collectivités.

Plus de la moitié des répondants (52 %) déclarent avoir été peu ou pas du tout sensibilisés à la question des risques psychosociaux de la part de leur collectivité. Seuls 31 % d’entre eux ont déjà suivi une formation sur cette thématique et un agent sur cinq déclare avoir un niveau de connaissances très faible sur la question des risques psychosociaux. Une tendance qui s’observe davantage dans les moyennes et petites collectivités (moins de 500 agents).

« Les résultats de cette enquête sont le reflet des réalités quotidiennes des agents engagés pour le bien-être de nos collectivités, que nous entendons tous les jours sur nos rendez-vous participatifs d’idealCO, déclare Marylène Mourlevat, responsable du pôle Capital Humain d’idealCO. Nous espérons que ces données permettront d’ouvrir de nouvelles perspectives, des prises de conscience importantes et de mettre en place des actions concrètes pour améliorer le bien-être au travail des agents de la FPT, vecteur essentiel de performance. »

En conclusion, le baromètre relève tout de même des conditions de travail poussant vers un épuisement professionnel lié à une surcharge de travail et un manque de reconnaissance, en dépit du véritable sens trouvé dans le travail par les agents de la FPT.

Méthodologie

Le baromètre a été réalisé du 4 avril au 3 juin 2024 en s’appuyant sur une méthodologie d’enquête quantitative. Pour l’analyse des résultats, seuls les participants ayant répondu à l’ensemble des questions posées ont été conservés, soit 1 851 répondants. Parmi les répondants, on observe une grande majorité de femmes (74 %), une minorité de managers (31 %) ainsi qu’une majorité d’agents travaillant dans de grandes collectivités (plus de 500 agents, 64 %). La moyenne d’âge des répondants est de 47.1 ans (avec un écart type de 9.7 ans).