En quête d’espaces verts, Paris La Défense dévoile le Parc
Par Alexandre Foatelli | Le | Rse
Voulant devenir le premier quartier d’affaires post-carbone au monde, La Défense s’est donné un nouveau cap stratégique, jalonné d’objectifs pour réduire l’empreinte carbone dans tous les domaines (construction, mobilité, usages). Dans le cadre de cette ambition singulière, l’établissement public d’aménagement en charge de cette transformation, Paris La Défense, annonce les contours de son grand projet de végétalisation de l’esplanade, baptisé le Parc.
Horizon 2030. Telle est la date butoir fixée par Paris La Défense, l’établissement public chargé d’aménager le quartier éponyme, pour réduire de moitié ses émissions de gaz à effet de serre. « Notre volonté est aussi simple qu’ambitieuse : faire de La Défense le premier quartier d’affaires post-carbone au monde », proclame Georges Siffredi, président de l’EPA et du Département des Hauts-de-Seine. Une ambition qui remonte à cinq ans, lors des premières initiatives de végétalisation menée sur la place Basse, antichambre de l’esplanade du Général de Gaulle. Cette dernière sera d’ailleurs le théâtre du prochain grand projet de transformation de l’espace public, le Parc, porté par l’agence Michel Desvigne Paysagiste (MDP), le bureau d’études Arcadis (maîtrise d’œuvre), de la société spécialisée en écologie urbaine Urban-Eco Scop, de l’équipe Ville Ouverte (concertation publique et du déploiement des usages) et du concepteur de lumière 8’18’’.
5 hectares d’espaces verts
Depuis 2019, le quartier d’affaires a déjà vu la création de 10 000 m² d’espaces verts, marquant le virage vers un environnement moins bétonné. Avec « le Parc, ce sont 5 hectares supplémentaires qui seront transformés en jardin, s’ajoutant aux 37 hectares déjà végétalisés. Un espace aujourd’hui imperméabilisé à 70 % sera végétalisé à 60 % lorsque le projet sera mené à terme. Entre les bassins Agam et Takis, le Parc vient compléter l’axe historique parisien. « Dans les 6 km entre la Concorde et La Défense, trois jardins d’environ 600 mètres se succèdent : les Tuileries, le jardin des Champs-Elysées et le futur Parc », souligne Michel Desvigne.
S’inspirant du travail de Dan Kiley, paysagiste américain concepteur originel de l’esplanade, celui qui a déjà mené un projet de jardin sur dalle de 3 600 m² à Tokyo en 2013 a conçu un parc avec plusieurs strates végétales. Aux 450 platanes et autres tilleuls déjà présents s’ajoutent des arbustes, des bosquets et des carrés fleuris. Le paysagiste introduit également les sols stabilisés propres aux espaces verts de la Capitale, renvoyant les grands carreaux de béton jonchant la dalle au passé.
Pas qu’un jardin
En plus de reconfigurer l’esplanade de La Défense, le Parc redonne une place privilégiée à la nature et favorise la biodiversité, ce à quoi contribue Urban-Eco Scop. Dans ce dédale de béton, de verre et d’acier, insectes et oiseaux pourront trouver refuge dans les haies et les arbustes. « Le Parc ne sera pas qu’un espace d’agrément, il aura une véritable cohérence écologique et botanique », s’enorgueillit Michel Desvigne. Un souci de cohérence qui a conduit Paris La Défense et ses partenaires qui s’occupent de l’entretien des espaces verts à mené des expérimentations à partir de 2020 : durant trois ans, 45 essences végétales différentes seront mises à l’essai pour mesurer leur épanouissement dans cet environnement.
Le projet se veut responsable sur tous les plans grâce à une gestion écologique du site, la création d’îlots de fraîcheur, une plus grande perméabilité du sol, une biodiversité renforcée, la plantation d’espèces locales et une meilleure accessibilité pour les personnes à mobilité réduite. En outre, ce nouvel espace doit favoriser les échanges entre différents profils d’usagers (riverains, salariés, promeneurs) grâce à de nouvelles continuités et traversées, notamment pour les flux perpendiculaires à l’axe historique, En cela, le futur de l’esplanade s’insère parfaitement dans la volonté de mixer les usages que porte Paris La Défense. Le Parc s’ouvrira également plus largement vers les quartiers et villes de Courbevoie et Puteaux.
Ouverture à partir de 2026
À date, le projet demande encore à être affiné sur ses contours. Les extrémités est et ouest, où se marque le début et la fin de l’espace vert, posent encore question au concepteur du Parc et « c’est le plus difficile à concevoir » sourit Michel Desvigne. Les études sur les espèces végétales sont encore en cours et un dispositif de fontainerie et de bassins visant à animer et accroître le confort du parc en période estivale est à l’étude. Qui plus est, les contraintes du lieu impose d’agir par étapes, car l’esplanade doit rester accessible au quotidien pour tous les usagers. Ainsi, les porteurs du projet table sur un début des travaux en 2024, pour une livraison à partir de 2026.
« La transformation que nous engageons est historique et va considérablement changer le quotidien des usagers de paris La Défense. En »dé-bétonnant« une grande partie de l’esplanade et en amplifiant fortement son côté végétal, le quartier va enfin se doter d’un véritable parc », se réjouit d’avance Pierre-Yves Guice, directeur général de Paris La Défense. Pour y parvenir, Paris La Défense dispose d’une enveloppe budgétaire d’environ 30 millions d’euros, financée par les collectivités locales. Le prix d’une profonde transformation du symbole d’un urbanisme plus en phase avec son époque et ses enjeux.