Stratégies

Cinq initiatives pour réduire les consommations énergétiques de climatisation des bureaux

Par Alexandre Foatelli | Le | Rse

Les manières d’agir pour réduire la facture énergétique due à la climatisation (et au chauffage) des immeubles sont diverses. Des solutions techniques aux directives empreintes de bon sens, Républik Workplace Le Média regroupe cinq initiatives d’optimisation des consommations.

Les solutions pour réduire l’usage et augmenter l’efficacité de la climatisation sont variées. - © Générée par IA
Les solutions pour réduire l’usage et augmenter l’efficacité de la climatisation sont variées. - © Générée par IA

Devant l’éclairage et l’usage des outils informatiques, la climatisation et le chauffage des immeubles tertiaires en fonction des saisons représente le premier poste de consommation énergétique. L’hiver, faire grimper la température dans les bureaux consomme entre 77 et 96 kWh/m²/an selon le rendement de l’installation de chauffage. En été, rafraîchir les espaces de travail nécessite 28 kWH/m²/an. Pour les entreprises soucieuses de leur empreinte carbone et de se conformer à la réglementation telle que le dispositif éco-énergie tertiaire, plusieurs solutions existent pour réduire leurs consommations liées à ces deux postes.

Optimiser le pilotage

Pour que les consommations des systèmes CVC s’adaptent au plus près des besoins réels des utilisateurs, le suivi et le pilotage jouent un rôle crucial. A l’image des initiatives menées par Orange qui a réussi à réaliser jusqu’à 57 % d’économie d’énergie dans ses bureaux dans le cadre de la saison 6 du concours Cube en travaillant sur l’éclairage et le confort thermique. L’entreprise a notamment mis en place un ensemble de règles afin de fixer la température à 21°C pendant les mois d’hiver, et de ne démarrer la climatisation à partir d’un seuil de 26°C l’été.

Revêtement de façade et de toit

Afin de diminuer la température intérieure en cas de fortes chaleurs, le revêtement utilisé sur les façades des immeubles, y compris leur toit, peut jouer un rôle majeur. Une toiture entièrement repeinte en blanc peut permettre de faire baisser la température de 6°C à l’intérieur, tandis qu’un mur végétal permet un abaissement de 5 à 70 % de la consommation énergétique pour la climatisation en été. Le fabricant de peinture Enercool met en avant que si tous les bâtiments équipés de climatisation étaient repeints avec sa solution, « l’économie d’énergie de 40 % représenterait 6,2 TWh de consommation en moins par an, soit l’équivalent de la production d’un réacteur nucléaire sur une année ».

Design paramétrique et biophilique

Dans une logique d’optimisation des consommations énergétiques, un des leviers réside dans l’adaptation d’un bâtiment à son environnement, par ce que l’on nomme design paramétrique. Ce concept permet de nourrir un projet architectural de paramètres sur le terrain, le climat ou la météo afin de trouver la meilleure manière de répondre aux objectifs énergétiques données. Parmi les tenants de ce courant, l’architecte français Anthony Béchu a œuvré sur le campus universitaire de l’Université Mohammed VI Polytechnique de Laâyoune. En s’appuyant sur le potentiel et les atouts du site situé au beau milieu de l’Oued, le site se sert du climat, des vents, du sable et des savoir-faire du littoral subsaharien, pour atteindre les meilleures performances durables.

Quant au design biophilique, il consiste à s’inspirer de la nature pour tirer les meilleures innovations de la nature, appliquées aux performances des immeubles. Pionnier du genre, l’Eastgate Centre d’Harare au Zimbabwe, bâtiment inspiré de la termitière et qui se passe d’air conditionné, est une des réalisations les plus vertueuses. Anthony Béchu a lui imaginé le District 11 du Skolkovo Innovation Center en 2017. Pour lutter contre le froid du fameux hiver russe, l’architecte a conçu ce quartier destiné à accueillir les familles des chercheurs du site comme un groupe de manchots. Le regroupement des constructions permet d’économiser 5°C de température.

Géothermie ou géo-énergie

Dans la même logique de profiter des atouts du terrain, la géothermie est une solution qui se démocratise. Le principe est d’extraire une température de 10 à 12 °C plus élevée et plus stable que la température extérieure hivernale pour servir de source à une pompe à chaleur sol/eau pour chauffer un bâtiment. Cette technique nécessite cependant de lourds travaux pour sa mise en place et peut, au fil des années, faire grimper la température moyenne du sol jusqu’à ce qu’il ne soit plus exploitable.

Une autre technologie analogue la géo-énergie, consiste à n’aller qu’à quelques mètres de profondeur pour chercher une zone où la température est stable toute l’année, entre 12 et 15°C. En hiver, cette température sert de base à une pompe à chaleur pour réchauffer les locaux, et est réversible l’été en apportant un air frais. Une solution plus « facile » à mettre en œuvre et qui peut se faire à peu près partout : l’entreprise Geosophy propose, dans sa phase initiale, d’étudier la faisabilité technique de la mise en place en écartant les risques géologiques pour une adresse donnée.

Tomber la veste

Outre les solutions techniques, et si tout ne débutait pas par enjoindre les salariés à s’adapter en fonction des saisons pour ne pas dépendre des systèmes de chauffage/climatisation ? Au Japon, le confort thermique est presque une cause nationale. Depuis près de 20 ans, le gouvernement nippon lance, à partir du mois de juin, le « cool Biz ». Le principe : enlever la cravate et la veste de costume pour supporter une climatisation réglée sur 28°C.

Chaque été, les médias japonais encouragent le grand public à grand renfort d’images des ministres et d’employés gouvernementaux portant le Kariyushi, sorte de chemise hawaïenne nippone. En montrant ainsi l’exemple, les autorités encouragent à réduire les besoins en air climatisé dans les bureaux et freiner la consommation électrique. Les concitoyens ne sont pas seulement autorisés à ôter la veste de costume, mais peuvent, jusqu’à fin octobre travailler en polo/basket. Les marques se sont adaptées à cette tendance, à l’instar d’Uniqlo, qui propose une ligne de vêtements dédiée au « cool Biz ».

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