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[INFOGRAPHIE] Rapport Gallup 2024 : l’engagement et le bien-être des salariés face à l’érosion

Par Alexandre Foatelli | Le | Qvt

D’après les résultats du dernier rapport State of the Global Workplace publié par Gallup, l’année 2023 a marqué un coup d’arrêt dans la progression de l’engagement des salariés et même un recul du bien-être général au niveau mondial. En France, le degré d’engagement est le plus faible relevé sur le continent européen.

Chaque année, Gallup étudie les niveaux d’engagement et de bien-être des salariés à travers le monde - © Getty Images
Chaque année, Gallup étudie les niveaux d’engagement et de bien-être des salariés à travers le monde - © Getty Images

Chaque année, la société de conseil américaine Gallup sonde les salariés à travers le monde pour analyser leur niveau d’engagement et de bien-être. Selon les résultats de la dernière édition de son étude State of the Global Workplace récemment publiée, l’engagement des employés au niveau mondial a stagné et le bien-être général des employés a diminué en 2023. Même si ces deux indicateurs avaient atteint des niveaux élevés, leur manque d’amélioration est notable, car ils font suite à plusieurs années de gains constants.

Ainsi, la majorité des employés dans le monde continuent à rencontrer des difficultés dans leur travail et dans leur vie quotidienne, ce qui entraîne des conséquences directes sur la productivité de l’entreprise. Gallup estime que le coût pour l’économie du faible engagement des salariés s’élève à 8,9 billions de dollars, équivalent à 9 % du PIB mondial.

La solitude, ce nouveau mal

Nouvel indicateur apparaissant dans ce rapport Gallup 2024, le sentiment de solitude ressenti une bonne partie de la journée touche un salarié sur cinq au niveau mondial. Assez intuitivement, les salariés travaillant exclusivement à distance déclarent des niveaux de solitude nettement plus élevés (25 %) que ceux qui travaillent sur place (16 %), ceux étant dans un mode hybride se situant entre les deux (21 %). De la même manière, les sondés qui travaillent se sentent moins seuls (20 %) que ceux étant au chômage (32 %). Bien que les interactions professionnelles n’aient pas nécessairement besoin d’être en personne pour être bénéfiques - une étude Gallup ayant montré que toutes les formes de temps social (téléphone, vidéo, textos, etc.) sont associées à une meilleure humeur - les interactions technologiques ont des seuils et l’humeur baisse après que ces derniers sont dépassés.

La solitude, ce nouveau mal - © Républik Workplace Le Média
La solitude, ce nouveau mal - © Républik Workplace Le Média

Géographiquement, les niveaux de solitude exprimés par les travailleurs sont plus élevés en Asie du Sud (29 %), en Afrique subsaharienne (26 %) et au Moyen-Orient et Afrique du Nord (23 %) par rapport à l’Europe (14 %), l’Amérique latine et les Caraïbes (13 %) et l’Australie Nouvelle-Zélande (13 %). Enfin, si ce sentiment est également ressenti selon le genre (20 % pour les hommes et les femmes), le pourcentage est plus élevé chez les salariés de moins de 35 ans que chez ceux de plus de 35 ans.

Lisa Berkman, professeur à Harvard et chercheuse principale chez Gallup, et ses collègues ont étudié la relation entre les liens sociaux et communautaires et les taux de mortalité sur une période de neuf ans. Il en ressort que l’isolement social et la solitude chronique ont des effets dévastateurs sur la santé physique et mentale : le risque de mortalité est deux fois plus élevé chez les personnes dépourvues de liens communautaires et sociaux que chez celles ayant de nombreux contacts sociaux. Des différences indépendantes de la santé physique, du statut socio-économique et des pratiques de santé.

Les jeunes perdent en bien-être

À l’échelle mondiale, le bien-être des salariés (« Life Evaluation ») s’est érodé en 2023, passant de 35 % à 34 %. Dans le détail, cette érosion s’explique par une baisse du sentiment d’épanouissement et une hausse des difficultés ressenties, bien que la souffrance au travail exprimée ait, elle, perdu un point.

Le bien-être des salariés s’érode en 2023 - © Républik Workplace Le Média
Le bien-être des salariés s’érode en 2023 - © Républik Workplace Le Média

Cette baisse de l’indicateur a été particulièrement ressentie par les jeunes travailleurs de moins de 35 ans. Un « écart de bonheur » entre les groupes d’âge plus jeunes et plus âgés qui se généralise en dehors du travail : gallup rapporte que le World Happiness Report de cette année (qui porte sur l’ensemble de la population mondiale) a révélé que les personnes nées avant 1965 (les baby-boomers et leurs prédécesseurs) ont une évaluation de la vie supérieure d’environ un quart de point à celle des personnes nées après 1980 (les milléniaux et la génération Z).

Bien que les clivages générationnels soient parfois exagérés, la divergence observée ne doit pas ignorée par les dirigeants d’entreprises. Étant donné que nombre d’entre eux sont plus âgés, il se peut qu’ils ne voient pas le présent et l’avenir de la même manière que leurs employés les plus jeunes. Gallup rappelle qu’il y a dix ans, les jeunes travailleurs avaient des évaluations de vie systématiquement plus élevées que les travailleurs plus âgés ; il est donc peu probable que la différence de perspective soit uniquement le résultat de l’étape de la vie.

Le poids du rapport au travail dans la santé mentale

Certes, tous les problèmes de santé mentale ne sont pas liés au travail. Cependant, il est indéniable que celui-ci joue un rôle dans l’évaluation de la vie et les émotions quotidiennes. Mécaniquement, les employés qui n’aiment pas leur travail ont tendance à afficher des niveaux élevés de stress et d’inquiétude au quotidien, ainsi que des niveaux élevés de toutes les autres émotions négatives. Sur de nombreux critères de bien-être (stress, colère, inquiétude, solitude), le fait d’être activement désengagé au travail est équivalent ou pire que le fait d’être au chômage.

À l’inverse, lorsque les salariés trouvent que leur travail et leurs relations professionnelles ont un sens, l’emploi est associé à des niveaux élevés de plaisir quotidien et à des niveaux faibles de toutes les émotions négatives quotidiennes. Le rapport Gallup note que la moitié des employés engagés dans leur travail s’épanouissent dans leur vie en général. Pour les employeurs, la prise en charge de la santé mentale passe donc par un soutien à l’engagement au travail. Dans ce but, les employeurs ont la responsabilité d’offrir des avantages et une flexibilité appropriés afin de soutenir le bien-être des employés, sans négliger leur plus grand levier d’évaluation de la vie des employés : la constitution d’équipes productives et performantes.

Quelle situation en France ?

Dans le cadre de son étude, Gallup détaille les résultats par pays des différents indicateurs. Et la situation de la France paraît assez peu reluisante. En matière d’engament, l’Hexagone enregistre un taux abyssal de 7 %, ce qui en fait le plus mauvais élève dans la zone Europe (38e sur 38) et la classe même parmi les résultats les plus faibles au niveau mondial. Sur l’indicateur de bien-être global (« Life Evaluation »), la France se classe 23e avec un taux de 41 %, en recul d’un point sur un an. Si le sentiment de stress quotidien est en léger recul (37 %, -3 points, 21e rang), la colère progresse (19 %, +2 points, 12e rang) et la tristesse stagne à un niveau plus élevé que la moyenne continentale (19 %, 9e rang).

Situation de la France - © Républik Workplace Le Média
Situation de la France - © Républik Workplace Le Média

Malgré ces chiffres traduisant une relation assez dégradée avec leur travail, les salariés français ne sont que 27 % à affirmer rechercher un autre emploi (31e rang). Un chiffre à relativiser probablement en le comparant au sentiment pessimiste concernant le climat de l’emploi, puisqu’ils ne sont que 44 % à estimer que c’est le « bon moment » pour trouver un job (32e rang).

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