Le coworking serait bon pour la productivité et le bien-être des travailleurs
Par Alexandre Foatelli | Le | Modes de travail
Cet article est référencé dans notre dossier : Coworking, bureaux opérés… où en est-on en 2024 en France ?
Une étude d’Asterès et du Think Tank du Flex Office révèle les effets positifs du coworking sur le bien-être et la productivité des travailleurs. Les résultats montrent que les coworkers bénéficient d’une amélioration notable en termes de satisfaction et d’efficacité au travail, particulièrement pour les travailleurs indépendants et les femmes.
Basée sur une enquête auprès de plus de 540 coworkers à l’automne 2023, une étude menée par Asterès et le Think Tank du Flex Office éclaire sur les effets positifs du coworking selon ses pratiquants. Le questionnaire se décompose en deux temps : une première partie demandant aux participants de renseigner des informations les concernant (comme l’âge, le sexe ou la profession) afin de collecter des données descriptives sur les coworkers, et une seconde partie leur demandant d’estimer, sur une échelle de -5 à +5, l’impact du coworking sur onze variables ayant trait à la satisfaction et à l’efficacité́ au travail.
Qui est-tu, coworker ?
D’après l’enquête Asterès/Think Tank du Flex Office, les coworkers présentent des caractéristiques sociales et professionnelles spécifiques. D’abord, ils sont majoritairement jeunes. Si l’âge moyen des coworkers est de 40 ans, soit un âge assez semblable à la population active française, la répartition autour de cette moyenne n’est pas symétrique. En effet, les moins de 40 ans représentent 56 % des coworkers, mais l’âge moyen est tiré vers le haut par la présence des plus de 60 ans (3 % du total).
D’autre part, cette population est plus féminisée que la population active totale en France. D’après l’enquête Asterès/Think Tank du Flex Office, les coworkers sont à 53 % des femmes et 47 % des hommes. Cette féminisation contraste avec l’ensemble de la population active française où les hommes sont majoritaires (52 % contre 48 % de femmes). En ne retenant que les secteurs majoritairement représentés en coworking (services marchands), la proportion de femmes est encore plus faible, à seulement 43 %.
Les résultats démontrent aussi que le modèle s’est fait une place au sein des stratégies immobilières des entreprises. En effet, les coworkers sont majoritairement (83 %) des salariés, alors que 7 % sont des chefs d’entreprises d’au moins un salarié et 10 % des travailleurs indépendants ou des autoentrepreneurs. La vision parfois répandue du coworking destiné à regrouper des entrepreneurs et startuppers ne correspond donc pas (ou plus) à la réalité.
Les coworkers, hormis les indépendants, travaillent pour les trois quarts dans des PME (moins de 250 salariés), et environ un quart d’entre eux travaillent dans des TPE (moins de 11 salariés). Quelle que soit la taille des entreprises dans lesquelles ils travaillent, ils sont 65 % à travailler dans des équipes de moins de 10 personnes, et seulement 5 % à travailler dans des équipes de plus de 50 personnes.
Un modèle bénéfique pour les indépendants et les femmes
L’enquête conclut que coworking a des effets bénéfiques pour ses pratiquants. Dans leur ensemble, les coworkers indiquent que cette organisation du travail leur est profitable, aussi bien en termes de satisfaction au travail que d’efficacité́ dans leur travail. L’amélioration la plus importante concerne le bien-être au travail (+1,27 sur une échelle de -5 à +5).
Parmi les catégories de coworkers qui bénéficient particulièrement du coworking, l’étude souligne le cas des travailleurs indépendants, pour qui l’amélioration moyenne sur les onze questions étudiées est de +1,07 (contre +0,49 pour les salariés sur une échelle de -5 à +5), et les coworkeuses, qui voient leur situation moyenne au travail progresser de +0,63 (contre +0,47 pour les hommes).
Si les travailleurs indépendants sont ceux qui tirent le plus de bénéfices du coworking, cela peut s’expliquer par le fait que les travailleurs indépendants bénéficient des interactions sociales et d’une diminution de l’isolement que permet le coworking plus que les autres travailleurs.
Quant à l’écart entre les avantages tirés du coworking par les femmes par rapport à l’ensemble des coworkers, il est modeste mais se retrouve dans l’ensemble des réponses, à l’exception du stress ressenti. Comme les femmes supportent plus que les hommes les tâches ménagères et domestiques, le coworking, en leur donnant plus de flexibilité dans l’organisation de leur travail, leur est plus profitable qu’aux hommes. Ce résultat se retrouve dans la littérature, le télétravail depuis le domicile étant moins favorable aux femmes car il leur est plus difficile de distinguer leur vie professionnelle et familiale. L’effet de ce mode d’organisation pour les coworkeuses est notamment significatif sur deux variables : les interactions entre collègues et les moyens disponibles pour réaliser le travail.
En effet, la qualité des moyens disponibles pour leur travail s’améliore fortement pour les coworkeuses. Les femmes indiquent une forte hausse des moyens disponibles du fait de coworking (+0,45) alors que l’amélioration n’était que limitée pour les hommes (+0,11). Cependant, les autres variables liées à l’efficacité au travail indiquent également que les avantages du coworking sont supérieurs pour les femmes.
11 000 euros/an de gain de productivité
Fort de ces constats, Asterès a estimé la causalité entre le gain de bien-être lié au travail en coworking et la productivité à l’aide de la littérature existante. En effet, plusieurs travaux académiques soulignent ce lien de cause à effets. Une causalité assez logique, puisqu’un professionnel heureux de venir au travail, motivé et qui se sent bien dans son environnement est plus disposé à déployer ses talents et sa créativité.
D’après les coworkers sondés, ce mode d’organisation du travail leur a permis d’accroître leur productivité (+0,59 sur une échelle de -5 à +5). Ils sont environ deux fois plus nombreux à estimer que le coworking a amélioré leur productivité (39 % des répondants) par rapport à ceux qui pensent le contraire (16 % des répondants). Toutefois, 45 % des répondants estiment que le coworking n’a pas eu d’impact sur leur productivité.
D’après les estimations d’Asterès, le coworking permet un gain de productivité́ de 16 %, soit 11 000 € par coworker et par an en équivalent monétaire. Si ce gain obtenu n’est pas généralisable à toutes les professions et ne se traduit pas nécessairement en hausse de rémunération, il peut etre utilisé par les coworkers pour accroître leur revenu ou pour diminuer leur temps de travail à revenu égal.