Nathalie Cara (Manutan) : « Le sport au travail développe l’esprit d’équipe et les soft skills »
Par Alexandre Foatelli | Le | Services
Spécialiste dans la distribution d’équipements pour entreprises et collectivités, Manutan siège historiquement à Gonesse, dans le Val-d’Oise. À l’heure où la centralité des lieux de travail est devenue un critère hautement déterminant dans l’attractivité des entreprises, Nathalie Cara, responsable de l’environnement de travail du groupe, a pour mission d’améliorer l’expérience collaborateur, en misant notamment sur la pratique sportive. Coup de projecteur sur les actions menées par son équipe, en marge de sa participation au jury Worknight 2025.
Quelles sont vos missions chez Manutan ?
Mon rôle et celui de mon équipe de 23 collaborateurs est d‘améliorer l’expérience collaborateur. Cela passe par plusieurs leviers allant de la restauration au sport, en passant par l’animation événementielle et culturelle et la conciergerie. J’ai la responsabilité du restaurant d’entreprise et nous avons la particularité d’avoir une brigade de cuisine internalisée, tout comme la conciergerie qui est gérée par 1,5 ETP polyvalent. Mon équipe coordonne aussi le centre sportif de 1 000 m² avec deux collaborateurs internes, et l’appui de partenaires externes. Enfin, j’ai la charge de l’animation du site et des activités événementielles, à travers des team buildings, des soirées annuelles, des afterworks. Cette année, nous avons aussi développé des activités culturelles, comme du théâtre et de la méditation, organisées sur les pauses méridiennes ou en fin de journée, dans le but de donner accès à ces activités à des personnes qui n’auraient pas l’occasion de le faire hors de ce cadre.
Pourquoi Manutan a fait le choix de ne pas externaliser ces prestations de services aux collaborateurs ?
Ce choix est en adéquation avec le projet d’entreprise et ses valeurs, axés sur la volonté d’« entreprendre pour un Monde meilleur ». Dans ce but, l’internalisation du restaurant nous permet notamment de maîtriser très concrètement la qualité des produits, tout en favorisant les circuits courts et le recours aux producteurs locaux, le tout pour un tarif de 4 euros/repas (à compter du 1er février 2025). Avoir ces services en interne permet aussi de les adapter aux besoins évolutifs des collaborateurs plus facilement. Par exemple, nous sommes en mesure « d’improviser » des événements spéciaux tels que des ateliers de fabrication de galettes de manière plus agile qu’avec un prestataire.
Avoir ces services en interne permet aussi de les adapter aux besoins évolutifs des collaborateurs plus facilement.
En outre, cela nous apporte aussi une meilleure synergie entre les services au bénéfice des collaborateurs. Par exemple, le restaurant peut préparer des petits-déjeuners que la conciergerie distribue. Prochainement, nous allons mettre en place des frigos connectés pour que les collaborateurs puissent récupérer un repas à emporter, quand ils sont en télétravail le lendemain ou s’ils sortent du sport le soir par exemple. Ainsi, cette internalisation confère une meilleure maitrise des processus, des flux et de l’organisation, qui permet de s’adapter aux fluctuations de fréquentations que nous connaissons dans les entreprises depuis la sortie du Covid.
En quoi cet investissement dans l’expérience collaborateur est important ?
Manutan est implantée historiquement à Gonesse dans des locaux qui sont la propriété de la famille Guichard, détenteurs de la holding. Outre l’attache héréditaire, notre activité nous contraint : difficile de concevoir les 50 000 m² d’entrepôts nécessaires en plein cœur de La Défense ou du QCA parisien. Dès lors, il convient de faire de l’environnement de travail un vecteur d’attractivité, pour compenser les freins que représentent notre localisation à Gonesse en la matière, notamment sur le plan de la desserte en transports en commun. L’accord de télétravail, qui impose seulement 8 jours/mois de présence au bureau, est un levier. Cependant, il est aussi primordial de susciter l’envie de se rendre sur site et c’est le sens de ce que nous faisons dans l’équipe environnement de travail de Manutan.
Parvenez vous à mesurer les effets de ces actions sur l’attractivité et la rétention des talents ?
Nous participons à l’enquête menée par l’institut Great Place to Work®, qui nous permet de monitorer, la satisfaction de nos collaborateurs et de valoriser les initiatives mises en place grâce à la certification associée. Par ailleurs, nous menons tous les deux ans une enquête environnement de travail sur les différents pôles, afin d’identifier les axes d’amélioration. Pour être concret, le dernier questionnaire réalisé il y a un an et demi nous a alerté sur les distributeurs automatiques, qui étaient pointés du doigt sur la qualité des produits et leurs tarifs. Ce retour a été l’occasion de changer l’ensemble du parc de machines et d’instaurer une gratuité pour deux cafés par jour. Une enquête spécifique dédiée au centre sportif, effectuée aussi tous les deux ans, nous permet d’adapter les disciplines proposées en fonction des attentes et nouvelles tendances qui émergent. Ces démarches soulignent notre volonté de recueillir l’avis des collaborateurs afin d’adapter au mieux l’offre à leurs demandes.
Concernant l’attractivité externe, il est plus délicat de mesurer les effets de nos actions. Les ressources humaines adressent un questionnaire de satisfaction après la période d’onboarding, mais nous avons encore indéniablement de la marge de progression sur ce qui est chiffrable et mesurable sur ce point.
Parfois vécu à l’usage comme un gadget, quelle est la place du sport dans l’environnement de travail de Manutan ?
Dès la construction du site en 2011, la direction générale de l’entreprise voulait inclure le sport comme une partie intégrante du projet d’entreprise. Le sport est vu comme un facteur d’équilibre, de développement et de bien-être, et cette vision a infusé la culture managériale. Pratiquer du sport sur son lieu de travail n’est donc pas un sujet tabou, bien au contraire.
Le sport permet de brasser toutes les populations avec une équité où toutes les barrières sont levées.
Résultat : nous comptabilisons 250 inscrits (qui payent une adhésion annuelle de 50 euros) sur les 700 collaborateurs en CDI affectés au site. Dans les faits, le centre sportif est le véritable lieu de mixité de l’entreprise : au restaurant d’entreprise, on déjeune principalement avec ses collègues et on ne se mélange pas tant que ça. Le sport permet de brasser toutes les populations avec une équité où toutes les barrières sont levées. Enfin, il ne faut pas le percevoir comme un défouloir, mais comme un lieu où se travaille la concentration, la précision et l’esprit d’équipe. Au travers des 12 disciplines proposées, les collaborateurs ont aussi cette opportunité de travailler différents soft skills.
Quels vont être vos principaux chantiers en 2025 ?
En premier lieu, j’ai une préoccupation sur l’usage des salles de réunion. Afin de repenser les fonctionnalités de l’ensemble de ces espaces pour mieux correspondre aux besoins des collaborateurs, nous avons lancé un projet d’architecture d’intérieur sur trois ans à compter de cette année. Le deuxième chantier important concerne l’uniformisation des pratiques de déplacements à l’échelle du groupe. Manutan est implanté dans 17 pays avec 25 filiales et nous ne disposons pas d’outil de déplacement commun donc l’enjeu est le déploiement d’une politique de voyages associée à une plateforme de gestion des déplacements, de manière à se doter d’une approche équitable pour l’ensemble des collaborateurs. Ce sera notamment un moyen de récolter de la data fiable, utile pour le rapport extra financier, alors que Manutan a franchi le cap du milliard d’euros de chiffre d’affaires à fin septembre 2024.
Enfin, nous poursuivrons notre travail sur la politique d’insertion et d’inclusion, qui est déjà tangible puisque nous accueillons au sein du centre sportif chaque vendredi l’association Novosports qui promeut le parasport. Ce sujet constitue l’un de nos chantiers permanents.
Dans le cadre de votre participation au jury de Worknight 2025, à quelles innovations serez-vous particulièrement attentive ?
Je citerai à nouveau les salles de réunion, car je n’ai pas encore identifié de solutions efficaces pour optimiser leur gestion, notamment lors des meetings en hybride présentiel/distanciel. L’autre point d’attention concernera la neutralité carbone appliquée à l’environnement de travail. Aujourd’hui, la réduction des consommations d’énergie et leur pilotage foisonne d’outils performants, mais il reste encore beaucoup de leviers à activer si on raisonne en termes d’empreinte carbone globale. Typiquement, il est aujourd’hui complexe de mesurer l’impact de l’organisation d’un événement professionnel, par exemple. Des innovations permettant d’agir sur ce volet susciteraient à coup sûr mon intérêt, et assurément celui de mes confrères et consœurs !
Nathalie Cara fait partie du jury Worknight 2025. Si vous développez notamment des solutions d’optimisation et de gestion des salles de réunion ou de réduction de l’empreinte carbone appliqué au workplace, déposez vite votre candidature ici !