Le 106, nouveau Temple de Ledger et du Web3 à travers le monde
Par Alexandre Foatelli | Le | Archi & space planning
En prenant ses quartiers dans son nouveau QG, situé au 106 rue du Temple à Paris, Ledger se dote d’un écrin abritant un environnement de travail impactant et avant-gardiste pour ses 350 collaborateurs. L’aménagement des 7 500 m², imaginé par Studios Architecture, matérialise une approche très ambitieuse du workplace et de son rôle, faisant du lieu un emblème pour la communauté d’entreprises du Web3.
Dans la partie étriquée de la rue du Temple, dans le 3e arrondissement de Paris, le numéro 106 se remarque. Avec sa façade en béton, œuvre de l’architecte François Le Cœur héritée des années 1930, cet ancien central téléphonique se détache dans le tissu urbain du Marais. À l’instar de celui du 8e arrondissement que Covivio a transformé pour en faire son siège, le bâtiment a dû trouver une nouvelle vie. Ardian, qui a récupéré les clés auprès d’Orange, a confié à Franklin Azzi la restructuration complète de l’adresse. Un projet sur lequel s’est positionnée la licorne française Ledger dès 2021 en Befa. À l’occasion de son dixième anniversaire, l’entreprise leader mondial de la sécurisation d’actifs numériques a pu inaugurer son siège parisien et mondial.
Un environnement de travail emblématique
Dès les premiers pas à l’intérieur du 106, le visiteur est immergé dans une ambiance inspirée des codes de la tech et de la marque Ledger, à base de métal, de verre et de la couleur noire, renforcée par une playlist pop. Ainsi, l’espace d’accueil est surmonté d’une canopée métallique rétro éclairée, en référence au design des wallets développées par Ledger, tandis que la console métallisée décline un motif de circuit informatique.
« Ce site avait vocation à regrouper nos équipes réparties sur trois sites en région parisienne. Il réunit 350 de nos collaborateurs, auxquels s’ajoutent une centaine de salariés de Flowdesk, startup française de la crypto dont nous sommes proches et à qui nous sous-louons un étage. Le bâtiment a une capacité de 850 personnes, ce qui nous laisse une marge de manœuvre pour absorber une future croissance de nos effectifs », relate Réda Nafaa, Global Real Estate & Workplace Director de Ledger.
La présence de Flowdesk aux côtés de Ledger illustre l’ambition de faire de cette adresse un flagship de la communauté du Web3, ces entreprises œuvrant dans les technologies de la blockchain, des cryptomonnaies et des NFTs. L’univers créatif du Web3 est incarné par la présence d’œuvres d’arts NFT issues de la collection de Ledger, exposées à chaque étage, et un couloir immersif en mode « affiches de rue superposées » présente toutes les collaborations réalisées par Ledger avec des artistes sur les nanos, situées au sous-sol.
Concernant l’identité des lieux, la signalétique conçue avec l’agence identité(s) Studio, en étroite collaboration avec l’équipe créative interne de Ledger dirigée par Jules McLean, s’amuse avec les codes de la crypto et des symboles graphiques que seuls les collaborateurs de la licorne tricolore savent décrypter pour renforcer le sentiment d’appartenance, tout en permettant une navigation fluide pour les visiteurs à travers le bâtiment. À plusieurs endroits, dont la Board room, les luminaires en bâtons font écho à l’architecture de la blockchain.
Pour la conception et l’aménagement des espaces, Ledger s’est adjoint les services de Studios Architecture. L’étude programmatique menée par Studios a été orientée vers la flexibilité, mélangeant des zones de travail collaboratif capables d’évoluer et des espaces de travail en full flex pensés en fonction des profils. Afin de définir un cadre commun, tous les plateaux possèdent la même organisation : open space, nano kitchen - ayant chacune leur déclinaison -, salles de réunions ou squad rooms (espaces d’équipe agile). Cependant, les aménagements s’adaptent aux métiers de chacun : développeurs, ingénieurs, créatifs ou fonctions support. Ainsi, une large palette de configurations de travail est proposée à chacun selon son profil. Des stations individuelles sit & stand complètement équipées avec double écran et bras articulés côtoient des stations hautes ou basses à partager ou encore de grandes tables en mode « coworking ».
« Notre rôle est de permettre à chaque collaborateur d’être productif en lui mettant à disposition ce dont il a besoin pour cela, de manière agile et flexible, expose Réda Nafaa. Ils ont le choix entre de nombreuses configurations de travail au sein de l’immeuble en fonction de leurs tâches à effectuer, et quand leur métier nécessite tel ou tel équipement (double écran, bras articulés, etc.) on le leur fournit ».
Débauche de fonctionnalités
Outre l’aspect esthétique des lieux, ce qui frappe lors de la visite du siège de Ledger, c’est la profusion d’espaces serviciels mis à disposition des occupants. Le rez-de-chaussée propose un incontournable : un Bistro, qui est le lieu de restauration du siège, ouvert sur une cour intérieure. Dans le sous-sol du 106, on trouve le « Gymnasium by Ledger », véritable salle de sport tout équipée, la Games Room, salle ludique avec son baby-foot, son flipper, ses jeux de société et ses consoles de jeu, la Wellness Room, avec sa table de massage, et la Family Room, avec le nécessaire pour s’occuper d’un nourrisson (table à langer, frigo pour conserver le lait maternel). La liste ne s’arrête pas là, puisque les entrailles du siège de Ledger intègrent aussi une Music Room, entièrement équipée pour le « Ledger Band », ainsi qu’un studio d’enregistrement destiné à produire des contenus audiovisuels pour évangéliser sur le Web3 et la blockchain.
Cerise sur le gâteau : au 8e étage de l’immeuble qui en compte neuf, le MVP bar propose une atmosphère lounge de boutique hôtel avec sa tireuse à bière et sa machine à pop-corn, attenant à… un terrain de basketball ! Une coquetterie voulue par le PDG de Ledger, Pascal Gauthier, grand fan de ce sport. Baptisé Olympus, cet espace encerclé de terrasses avec vue à 360° sur la Ville Lumière est totalement flexible et modulable et peut se muer en salle de Hackathon, de conférences pour 100 personnes, de cinéma avec un écran LED de 4m de haut, de réception ou encore d’exposition. Il offre un accès direct au rooftop aménagé, où se trouve un fourgon Citroen rétro, transformé en food truck pour organiser des événements à la belle saison.
Dans une époque où les directions immobilières cherchent majoritairement à rationaliser leurs surfaces et où la présence de certains services déployés est remise en cause par des entreprises qui constatent un manque d’usage, Réda Nafaa souligne l’importance pour Ledger de proposer tous ces équipements. « L’usage est intimement lié à la culture d’entreprise, et il est clair qu’il est inutile d’aménager des salles de sieste ou de jeux dans une structure où le management ne l’accepterait pas. Dans le secteur de la tech, nous sommes challengés sur ces questions, et si nous voulons attirer des talents, il est impératif de se distinguer de nos concurrents », décrit-il. Néanmoins, l’usage réel de ces différents espaces serviciels est une préoccupation, et il sera monitoré grâce à la data au cours des prochains mois. « Ce que nous proposons sur ce site correspond à un cahier des charges que nous avons conçu en amont, et à en juger par l’attente et l’engouement qu’on peut observer dans les groupes de discussion dédiés, nul doute que ces surfaces trouveront leur usage », rassure le directeur immobilier et environnement de travail.
Le siège de Ledger possède aussi plusieurs espaces dont l’usage est lié à son cœur d’activité. Toujours au sous-sol, la War Room permet de simuler et de gérer des situations de crise en matière de cybersécurité, tout en pouvant servir de salle de réunion ordinaire le reste du temps. De plus, des Labs hardware dévolus à la R&D sont installés dans les étages, dont le laboratoire d’attaque de renommée mondiale de Ledger : « Le Donjon », doté d’équipements de pointe et conçu pour repousser les limites de la cybersécurité. L’équipe du Donjon analyse ses propres appareils et d’autres produits afin d’identifier les vulnérabilités avant les cybercriminels, permettant ainsi la protection des utilisateurs à l’échelle mondiale. Enfin, le 106 dispose d’une salle réservée à l’onboarding des nouveaux arrivants, proposant des couleurs claires et chaudes, une estrade d’amphithéâtre déstructurée, et un grand écran pour projeter.
Avant-garde d’un smart workplace
Le dernier élément remarquable du siège de Ledger réside dans ses performances technologiques et environnementales. La technologie irrigue l’ensemble du projet, ce qui se retrouve dans le BOS (Building Operating System), qui centralise et optimise la gestion du bâtiment, tout en aidant intelligemment à son exploitation. Ce dernier organise également l’expérience utilisateur, permettant aux collaborateurs d’ajuster leur utilisation des espaces et des services.
« Je suis convaincu que nous sommes à l’avant-garde sur ce sujet, affirme Réda Nafaa. Chaque fois que nous voulions proposer un outil de pilotage intelligent qui n’existait pas, nous l’avons fait développer pour cet immeuble. »
En outre, la volonté de créer un lieu favorisant le bien-être des occupants se matérialise notamment à travers un design biophilique. En complément des nombreuses vues dégagées sur Paris et les nombreux espaces extérieurs (plus de 1 000 m²), la connexion à la nature est omniprésente à travers des murs végétaux et des plantes dans tous les espaces. Les aménagements privilégient les matériaux recyclés autant que possible, que ce soit dans les moquettes ou les panneaux de verre des points d’eau qui sont fabriqués à partir de déchets entièrement recyclés et recyclables. Le 106 affiche les certifications HQE Excellent (Bâtiment), Breeam (niveau Excellent) et Well (Gold).
« Ledger a poussé tous les codes du bureau de demain à leurs plus hauts niveaux pour inventer un lieu qui n’a pas d’équivalent dans le monde. C’est un modèle du genre qui propulse des tendances émergentes en nouveaux standards », résume Alexandra Villegas, architecte associée chez Studios Architecture.
Avec son nouveau Temple, Ledger semble armer pour soutenir sa croissance en offrant un cadre de travail iconique. Malgré une politique de télétravail fixée à deux jours par semaine, Réda Nafaa note que la fréquentation est plus élevée depuis l’arrivée de l’entreprise au 106 : « ces bureaux offrent un cadre de travail capable de concurrencer le domicile de nos people », se réjouit-il. Un symbole de plus de ce que l’immobilier et le workplace peut apporter à une organisation.