Stratégies

Portrait d’Eric Houviez, né dans l’immobilier

Par Alexandre Foatelli | Le | Immobilier

Au terme d’un parcours de presque 25 ans effectué du côté des promoteurs et des foncières, Eric Houviez a franchi le Rubicon en 2019 en passant du côté utilisateur - et non des moindres ! - en prenant la direction immobilière d’Orange. Un poste auquel il peut piloter une large palette de métiers et des enjeux de grande ampleur, en France et à l’international.

Eric Houviez est directeur immobilier d’Orange depuis 2019. - © D.R.
Eric Houviez est directeur immobilier d’Orange depuis 2019. - © D.R.

On a souvent coutume de tisser un lien entre l’immobilier et son étymologie désignant quelque chose qui ne bouge pas. Question de point de vue. Eric Houviez, directeur immobilier d’Orange depuis trois ans, dit lui-même ne pas apprécier l’inertie. Logique pour un amateur de musique électro et de rock indé ! « Et ce qui m’a plu justement dans ce secteur, c’est l’opportunité de faire bouger les choses », indique-t-il. De ses débuts dans la construction, la promotion et l’investissement immobilier, où il construit et restructure des actifs, jusqu’à aujourd’hui en tant que grand utilisateur, où il contribue à « améliorer les conditions de travail des collaborateurs et agi sur la stratégie immobilière et RSE du groupe ».

Grandes responsabilités

À la tête de la direction de l’immobilier d’Orange, Eric Houviez pilote plus de 300 salariés - sur les 150 000 que compte l’opérateur télécom - avec des effectifs basés pour moitié à Paris et le reste réparti sur les grandes métropoles françaises. Ce pôle regroupe une diversité de métiers, comme le développement immobilier, qui gère l’évolution stratégique du parc : les prises à bail, les libérations, les acquisitions et les cessions.

À la tête de la direction de l’immobilier d’Orange, Eric Houviez pilote plus de 300 salariés.

Viennent ensuite les équipes des opérations immobilières, comprenant les responsables de projet immobilier, en charge de tout ce qui concerne l’environnement de travail auprès des occupants, et les travaux de maintenance et d’amélioration des immeubles, ainsi que le property management, qui conduit la vision stratégique à long terme sur le patrimoine, met en œuvre notamment la politique RSE et assure l’exploitation technique des immeubles.

Les prérogatives d’Eric Houviez s’étendent à l’échelle internationale, bien que le groupe Orange fonctionne de manière décentralisée : chaque pays est organisé en business unit gérant son propre périmètre en autonomie. « Nous intervenons à l’étranger sur des missions d’accompagnement et de support quand ils ont des problématiques de valorisation ou d’optimisation du parc immobilier, ou de grands projets à mener, précise Eric Houviez. Par ailleurs, on est interrogé lors des comités d’investissement dans le cadre de la gouvernance du groupe sur la composante immobilière. » Un poste large qui couronne un parcours qui lui a permis d’aborder tous les métiers de l’industrie immobilière.

« Né dans l’immobilier »

Comme il le dit lui-même, Eric Houviez « est né dans l’immobilier ». Passionné d’histoire et d’art contemporain (Christian Lapie et Pierre Soulages, entre autres), c’est diplômé de l’Ecole des Travaux Publics qu’il entre au milieu des années 1990 chez Bouygues comme conducteur de travaux. Le moyen idéal de se confronter à la réalité d’un chantier, doublé d’une logique managériale des projets qui s’approche de l’entreprenariat. Au bout de trois ans, Eric Houviez, alors père de deux jeunes enfants, s’oriente vers le montage immobilier au sein de Sodéarif, la filiale de promotion de Bouygues Construction devenue Linkcity.

« C’était une belle période lors de laquelle j’ai pu monter des projets immobiliers variés : logement, logistique, bureau, mais aussi du sourcing de foncier pour des clients et de la maitrise d’ouvrage déléguée », détaille l’intéressé. Bien qu’il apprécie son expérience chez Sodéarif, Eric Houviez saisit une opportunité chez Codic, où il a le temps notamment de lancer le développement d’un business park de 46 000 m² à Saint-Quentin-en-Yvelines, le Val Saint-Quentin, occupé entre autres par EuropCar, Adidas et Reebok. « Sur cette opération, j’ai eu à négocier avec les associations de riverains pour lever les recours sur le permis de construire, à structurer la propriété future et à lancer la construction et la commercialisation du projet. » Au terme de ces premières expériences diversifiées, Eric Houviez a l’opportunité d’intégrer le géant Unibail en 2003.

La saga Unibail

Au sein du groupe il débute par de l’asset management au sein de la direction des investissements du pôle Bureaux. « J’avais un portefeuille d’une quinzaine d’actifs et l’objectif était de restructurer les immeubles, les recommercialiser et les valoriser. Nous avions aussi des opérations de développement », relate Eric Houviez. C’est d’ailleurs sur un projet immobilier à Versailles Chantiers qu’il fait la rencontre de Bertrand Jasson, alors directeur général adjoint de Nexity Entreprises et qui deviendra son prédécesseur à la direction immobilière d’Orange.

En 2007, Guillaume Poitrinal et Jean-Marie Tritant lui confient la gestion d’un sujet connexe aux activités du groupe, mais pressenti pour constituer un axe de diversification stratégique : les parkings. « Ça faisait un peu sourire mes collègues, mais j’y ai beaucoup appris, notamment sur les aspects exploitation et RH », se souvient Eric Houviez. Cependant, au bout de deux ans, dans un contexte immobilier morose et un business des parkings dominé par les exploitants, et lui-même confronté aux nouvelles politiques de la ville, le groupe s’interroge sur la suite à donner, et l’hypothèse de se lancer dans le business des parkings n’est pas retenue.

Eric Houviez intègre alors les équipes Développement d’Unibail-Rodamco dirigées par Bertrand Julien-Laferrière pour prendre en charge le projet de centre commercial So Ouest, à Levallois-Perret. Une réalisation qu’il a piloté jusqu’au lancement des travaux et de la commercialisation, et qui reste encore aujourd’hui le produit immobilier dont il est le plus fier. Il enchaine avec Aéroville, dont il loue l’expérience humaine auprès des équipes qu’il a accompagné jusqu’à l’ouverture du centre au public.

En 2007, Guillaume Poitrinal et Jean-Marie Tritant lui confient la gestion d’un sujet connexe aux activités du groupe : les parkings.

S’ensuivent des missions à l’international, en Espagne, en Autriche et surtout, après avoir dirigé la fin du développement du projet Polygone Riviera près de Nice, en Allemagne, où il va pendant un an et demi assurer la direction du project management de la filiale allemande Mfi, qui mène notamment une opération phare à Hambourg et une dizaine d’autres projets de restructuration de centres de shopping. Une expérience outre-Rhin suscitée par une certaine germanophilie chez Eric Houviez, qui loue « une expérience complexe, mais in fine enrichissante, tant sur le plan managérial que sur les aspects de multiculturalité ».

Le chapitre Unibail-Rodamco-Westfield (URW) se conclut par Viparis, la filiale de gestion des sites d’expositions et de congrès. Eric Houviez agit notamment sur l’extension de la Porte de Versailles et le projet d’extension du Palais des Congrès, ainsi que sur le projet de broadcast center au Bourget prévue pour les Jeux Olympiques de 2024, encore en cours de réalisation. Après 16 ans passées chez URW, Eric Houviez ressent l’envie de « bouger un peu ». À ce moment-là, il reprend contact avec Bertrand Jasson, qui lui propose de prendre sa suite à la direction immobilière d’Orange.

Transformer l’immobilier

Passer du côté utilisateur et prendre la direction immobilière d’une entreprise « n’était pas un choix évident dès le départ », reconnaît Eric Houviez. Plutôt parti pour continuer au sein d’une foncière ou d’un fonds immobilier, ce n’est qu’en prenant la mesure de l’ampleur des enjeux autour de ce que Bertrand Jasson avait engagé qu’il accepte le défi. Bénéficiant d’une période de transition auprès de son prédécesseur, Eric Houviez prend ses nouvelles marques, dans lesquelles il retrouve la dynamique du mouvement et de la transformation.

En effet, le parc immobilier d’Orange comporte une vaste pluralité, allant des figures de proue flambant neuves telles que Bridge, nouveau siège iconique du groupe, jusqu’au site de Lannion et ses 44 bâtiments sur 31 ha sortis tout droit des années 1960. « Notre parc comprend à la fois de très grands paquebots, comme Bridge ou le siège d’Orange France à Arcueil (70 000 m²), et une multitude de sites mixtes mêlant tertiaire et locaux d’exploitation techniques qui n’accueillent qu’une quinzaine de personnes et qui sont souvent vétustes, dépeint Eric Houviez.

Passer du côté utilisateur et prendre la direction immobilière d’une entreprise « n’était pas un choix évident dès le départ.

Cette dispersion excessive de nos sites (plus de 600 implantations tertiaires actives en France) génère beaucoup de complexité dans la gestion du parc immobilier comme dans le management des salariés du groupe. Notre enjeu aujourd’hui, c’est d’accompagner tous ces salariés qui travaillent dans ces environnements de travail souvent un peu dégradés en leur proposant de les regrouper dans les sites disposant des caractéristiques immobilières adaptés aux nouveaux modes de travail. »

Après un parcours aussi riche, quid de son avenir professionnel ? « Les enjeux chez Orange sont énormes et la tâche reste devant nous », nous confie-t-il. D’autant que le groupe doit se transformer de façon structurelle, et ses activités immobilières avec lui. Sans doute, le prochain défi d’envergure pour Éric Houviez.

CV d’Eric Houviez

• 1995-1998 : Bouygues

• 1998-2001 : Sodearif

• 2001-2003 : Codic

• 2003-2017 : Unibail-Rodamco-Westfield

• 2017-2019 : Viparis

• Depuis 2019 : Orange

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