Victor Carreau (Comet) : « Le coworking pur devrait disparaître au profit d’une approche plurielle »
Par Alexandre Foatelli | Le | Modes de travail
Victor Carreau, fondateur et CEO de Comet, exprime sa manière d’appréhender les évolutions dues au travail hybride, en marge de la déliquescence de WeWork.
Que représente aujourd’hui Comet en termes de surfaces opérées ?
Désormais, l’offre de Comet se décompose en trois parties. L’activité historique de Comet Meetings totalise aujourd’hui 17 500 m². Les offres plus récentes, Hospitality et Workplaces, opèrent respectivement 4 800 m² et 2 600 m².
Quels sont vos objectifs de développement en surface et/ou en termes de localisation ?
Actuellement, nous avons dix projets à l’étude, dont deux seront révélés dans les prochains mois. Notre objectif à court terme est d’accentuer notre présence sur les marchés déjà adressés : France, Belgique et Espagne. À moyen terme, nous visons aussi l’ouverture de nouveaux pays en Europe.
Aujourd’hui, quels sont les profils types des utilisateurs de vos espaces ?
En ce qui concerne notre offre Comet Meetings, nos clients sont principalement des cadres RH, marketing et communication ou des dirigeants d’entreprises de plus de dix salariés en recherche d’espaces de réunions et séminaires. Nous comptons aussi beaucoup de grands comptes sur cette offre : 90 % des entreprises du CAC 40 figurent parmi nos clients.
Sur Comet Workplaces, nous accueillons des entreprises de toutes tailles et de tous secteurs, mais une chose les rassemble cependant : elles sont entrées pleinement dans l’ère du travail hybride et ont besoin d’espaces de travail ajustables selon le nombre de salariés en présentiel. Elles se soucient de l’expérience de leurs salariés au bureau et œuvrent à faire travailler ces derniers ensembles de façon naturelle et fluide. Ils trouvent en Comet Workplaces une solution à leurs enjeux de flexibilité, de convivialité et de qualité des espaces.
Enfin, Comet Hospitality répond quant à elle à une demande croissante émise par des bailleurs, propriétaires ou investisseurs qui souhaitent apporter une valeur ajoutée forte à leurs actifs en y introduisant des espaces où tout notre savoir-faire et notre expertise en matière de lieux de réunion et de travail hybride s’expriment.
Certaines données montrent que les espaces de coworking sont moins utilisés que les bureaux, le domicile, les hôtels/restaurants/cafés ou même les transports par les salariés. Est-ce à dire que ce modèle n’est pas viable ?
La problématique liée à WeWork relève plus de la stratégie de croissance envisagée par leurs fondateurs et leur board, que de l’activité de coworking en elle-même. Il nous est difficile de nous comparer à elle, car notre vision, notre raison d’être et notre modèle diffèrent radicalement. Depuis la fin du Covid, la typologie des espaces et leur combinaison évoluent. La tendance de fond est à un univers multi-dimensionnel entre bureaux de l’entreprise, tiers-lieux et domicile. Le tout coworking devrait disparaître au profit de cette approche plurielle et flexible qui constitue le travail hybride. L’entreprise est une matière vivante, qui évolue en permanence, et a plus que jamais besoin d’être pensée en plusieurs dimensions en ce qui concerne le travail au bureau.
Avec les offres de bureaux opérés au service des entreprises, constatez-vous que les salariés des entreprises concernées ont un engouement plus fort pour le « retour au bureau » ?
Tout à fait. Au contact de nos clients, et en travaillant sur leurs projets, nous avons pris la mesure de cette nouvelle réalité. La dernière version de notre étude sur les réunions et le travail hybride confirme cette perception de façon assez éclatante : oui, les salariés veulent revenir au bureau, les entreprises le souhaitent aussi, mais ce grand rééquilibrage entre bureau et télétravail doit se faire sur des critères précis.
Les salariés attendent à 43 % du bureau d’y retrouver leurs collègues, ils apprécient de travailler ensemble et déclarent à 62 % trouver de l’utilité aux réunions, quand ils étaient 86 % à se déclarer confrontés à des réunions inutiles en juillet 2022. Fait intéressant, cette tendance ne concerne pas que la France mais également les autres pays où Comet est présent : 39 % des actifs français déclarent que le « tout télétravail » peut nuire à leur épanouissement personnel et individuel. En Espagne, ils sont 50 % et en Belgique 37 %. Le bureau est bel et bien le lieu de la sociabilisation par excellence. Si cette tendance concerne toutes les entreprises, les clients qui nous font confiance pour des surfaces opérées sont en demande d’une transition rapide et qualitative vers ce nouvel équilibre.