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Mobilité : quand le travail hybride devient un levier d’économies pour les salariés

Par Alexandre Foatelli | Le | Mobilité

En s’appuyant sur les données de diverses enquêtes, International Workplace Group (IWG) et le cabinet Development Economics révèlent que les employés dépenses l’équivalent de plusieurs milliers de dollars par an en venant travailler au siège de leur entreprise quatre jours par semaine. En France, les salariés déclarent majoritairement qu’ils n’accepteraient plus un emploi leur imposant des trajets longs sans télétravail.

La plupart des salariés refusent déjà l’idée de devoir faire des trajets longs 5 jours/semaine. - © Générée par IA
La plupart des salariés refusent déjà l’idée de devoir faire des trajets longs 5 jours/semaine. - © Générée par IA

Lorsqu’il s’agit de parler du travail hybride, on souligne volontiers les atouts de ce modèle en termes de bien-être des salariés et les retombées positives qui en découlent (productivité, engagement, équilibre vie pro/perso) ou encore les conséquences néfastes de la mobilité urbaine que plus de jours de télétravail pourraient mécaniquement atténuer. Mais le nerf de la guerre, ou plutôt un des principaux facteurs de décision, se trouve bien souvent du côté du porte-monnaie.

Afin d’appréhender le coût et, par corollaire, les économies que les salariés peuvent réaliser selon différents scenarii de trajets domicile-travail, International Workplace Group (IWG) et le cabinet de conseil Development Economics ont combiné des recherches auprès de plus de 2 000 employés de bureau.

Les dépenses moyennes quotidiennes d’un employé travaillant au siège s’élèvent à 48,40 dollars, soit 10 067 dollars/an pour ceux qui y passent quatre jours par semaine.

Selon l’étude, les dépenses moyennes quotidiennes d’un employé travaillant au siège s’élèvent à 48,40 dollars, soit 10 067 dollars/an pour ceux qui y passent quatre jours par semaine. Les charges les plus courantes concernent le déjeuner (74 %), les collations (60 %) et le café (50 %). Parallèlement, plus des trois quarts (76 %) des professionnels indiquent que le travail hybride a réduit leurs coûts mensuels, en tenant compte des frais de transport public, du carburant, du stationnement et des dépenses quotidiennes comme les repas et le café du matin. Les travailleurs constatent aussi des économies significatives en choisissant de travailler localement : 84 % affirment que la réduction des trajets les a aidés à mieux contrôler leurs finances. Des économies mises à contribution pour abonder fonds d’urgence (38 %), pour payer des vacances (37 %), ou encore pour le remboursement intégral de leurs dettes de carte de crédit (35 %).

En étudiant l’hypothèse où les employés travailleraient à proximité de leur domicile quatre jours par semaine, les données communiquées par l’étude montre que les sommes épargnées peuvent atteindre jusqu’à plus de 30 000 dollars/an aux États-Unis et plus de 13 000 livres/an au Royaume-Uni. Mécaniquement, plus la distance entre le domicile et le lieu de travail augmente, plus les coûts s’alourdissent, tout en annulant les bénéfices sur la qualité de vie que doit permettre le travail hybride.

Bientôt, le concept de longs trajets quotidiens appartiendra au passé - Marc Dixon, PDG d’IWG

« Bientôt, le concept de longs trajets quotidiens appartiendra au passé, affirme Marc Dixon, PDG d’IWG. L’idée que des employés de bureau se lèvent chaque matin à l’aube, s’entassent dans des voitures polluantes ou des trains bondés, et parcourent de nombreux kilomètres pour aller travailler sera bientôt perçue comme une pratique désuète, presque incompréhensible. Notre étude met en évidence les économies substantielles que les travailleurs hybrides peuvent désormais réinvestir dans d’autres aspects de leur vie. »

Allant dans le sens de ce discours, des chercheurs, tels que le professeur Nicholas Bloom de l’Université de Stanford, estiment que 30 à 40 % des travailleurs adopteront le modèle hybride à long terme. Des recherches supplémentaires d’International Workplace Group et d’Arup* ont révélé que le nombre d’employés de bureau habitant dans des villes situées en banlieue des grandes périphéries pourrait atteindre jusqu’à 60 %. Des conclusions qui font évidemment le jeu du commanditaire de l’étude, qui développe justement des tiers-lieux, entre autres en périphérie des grandes villes et qui propose un nouveau calculateur (Hybrid Working Calculator) pour permettre aux travailleurs d’estimer les économies qu’ils pourraient réaliser en optant pour un lieu de travail plus local.

En France, les salariés ne veulent plus faire de longs trajets

Ce mouvement de développement du travail hybride couplé à une approche plus locale du lieu de travail fait son chemin jusqu’en France. Ainsi, 69 %** des Français déclarent qu’ils refuseraient un emploi qui leur imposerait un long trajet pour se rendre au bureau cinq jours par semaine. Une réticence qui s’explique par le désir des salariés de privilégier un meilleur équilibre entre vie professionnelle et personnelle et par la prise en considération des coûts des déplacements. En effet, 36 % des Français estiment que les trajets quotidiens sont trop coûteux, en tenant compte des frais de transport, du carburant et de l’entretien du véhicule.

Toutefois, 35 % des salariés français se disent prêts à se rendre au bureau cinq jours par semaine s’ils avaient la possibilité de travailler dans un site annexe situé à moins de 15 minutes de leur domicile. Cette transition vers un modèle de travail hybride modifie également les aspirations en termes de lieux de vie, puisque 44 % des Français affirment que cela les incite davantage à vivre loin de la ville, en banlieue voire à la campagne.

* Analyse réalisée par Arup sur l’impact du travail hybride dans les villes de banlieue américaines en octobre 2023.

** Étude menée en France auprès de 1 000 participants en août 2024 par Mortar Research. L’enquête a interrogé des cadres en télétravail.