Mobilité : l’usage de la voiture pour les trajets domicile-travail ne recule pas
Par Alexandre Foatelli | Le | Mobilité
Cet article est référencé dans notre dossier : Les tendances du workplace en 2023
Pour la 7e année consécutive, Alphabet France, en association avec l’Ifop, a interrogé les actifs français sur leurs trajets domicile-travail. Si la voiture reste plébiscitée, les salariés espèrent des évolutions vers des modes moins couteux et plus vertueux. Et les entreprises ont un rôle à jouer dans cette transition.
Depuis 2017, Alphabet France étudie la mobilité des actifs français. Le spécialiste des solutions et services de mobilité, filiale de BMW Group, publie les résultats de la 7e édition de son baromètre, réalisé en partenariat avec l’Ifop.
Ce sondage souligne que la voiture tient toujours une place essentielle dans les choix de mobilité des Français. Une nouvelle fois, les attentes envers les entreprises sont importantes, et ces dernières peuvent jouer un rôle dans l’évolution des usages. Et le sujet de la mobilité n’est pas anodin, puisque près d’un tiers le relie directement à leurs bonnes (ou pas) conditions de travail.
L’impact des trajets domicile-travail sur le bien-être
Pour 29 % des actifs sondés, leurs déplacements professionnels ont un impact négatif sur leur QVCT (24 % en 2022). Parmi les désagréments relevés, la perte de temps figure en tête (65 %). En effet, si la distance moyenne des trajets domicile-travail est de 18 kilomètres et la durée moyenne par trajet est de 24 minutes, ces tendances diffèrent selon la région. Ainsi, en région parisienne, seuls 10 % des actifs mettent dix minutes ou moins pour effectuer leurs trajets domicile-travail, et 44 % mettent 30 minutes ou plus.
Les autres désagréments cités sont la sur-fréquentation (50 %), le manque de ponctualité/le risque de retard (47 %), le risque d’accidents/de désagréments lié au comportement des autres usagers (35 %), la pollution (27 %) et le manque de linéarité/le nombre de changements/la multimodalité (16 %).
De fait, 73 % des actifs sondés affirment que les conditions de déplacement domicile-travail pèsent dans leur choix de postuler ou de rester dans une entreprise. Une tendance encore plus forte chez les moins de 35 ans, qui sont 81 % à avoir répondu positivement, à l’inverse des personnes de 50 ans ou plus qui ne sont que 65 %.
La voiture, toujours essentielle à la mobilité des actifs français
Malgré les préoccupations environnementales et les velléités politiques de contenir son usage, la voiture demeure le mode de transport majoritaire pour les salariés. En 2017, la première édition du baromètre réalisé par Alphabet France avec l’Ifop révélait que 81 % des actifs français utilisaient une voiture personnelle ou de fonction pour effectuer leurs trajets domicile-travail et leurs déplacements professionnels. Alors que ce chiffre a connu une baisse en 2018 (76 %) qui a été encore plus marquée en 2019 (72 %), la crise sanitaire a provoqué un retour à l’utilisation de ce mode de transport en 2020 et 2021. Cette année, comme en 2022, ce chiffre se stabilise à 75 %.
Le sondage montre que dans les agglomérations de 100 000 habitants et plus, la voiture est moins utilisée (64 %) ; à l’inverse, dans les agglomérations de moins de 100 000 habitants, elle l’est davantage (85 %). Si en région parisienne seuls 51 % des sondés disent utiliser une voiture, ils sont 84 % dans le quart Nord-Ouest de la France.
Derrière la voiture personnelle, 21 % des sondés déclarent utiliser les transports en commun pour effectuer leurs trajets domicile-travail. Mécaniquement, ce moyen de transport est davantage utilisé dans les agglomérations de 100 000 habitants et plus (35 %). Ce chiffre atteint 49 % en région parisienne, mais n’excède pas 9 % dans le Sud-Ouest. D’un côté, ce mode de déplacement semble présenter de nombreux avantages : le facteur économique est mentionné par 49 % des utilisateurs, 43 % le jugent plus rapide, 34 % plus écologique et 20 % n’ont simplement pas d’autre solution.
Il a néanmoins également des détracteurs : ceux qui ne l’utilisent pas justifient leur choix en mettant en avant le fait qu’ils n’ont pas accès aux transports en commun près de leur domicile (35 % à l’échelle nationale, 48 % dans les agglomérations de moins de 100 000 habitants) ou de leur lieu de travail (33 % à l’échelle nationale, 40 % dans les agglomérations de moins de 100 000 habitants), tandis que 15 % estiment devoir effectuer trop de changements au cours de leur trajet. En outre, 10 % évoquent un manque de fiabilité, 9 % trouvent qu’il y a trop de monde, 7 % pensent que c’est trop coûteux et 6 % craignent l’insécurité et les incivilités. Résultat, 16 % des sondés reconnaissent avoir la possibilité d’utiliser les transports en commun, mais préfèrent se déplacer autrement.
« La voiture continue d’occuper une place prépondérante dans les trajets domicile-travail des actifs français, et cohabite avec les mobilités vertueuses, de plus en plus plébiscitées, grâce notamment aux nombreuses mesures prises par le gouvernement. Il existe cependant des disparités parfois importantes d’une région à l’autre de l’Hexagone, et de nombreux travailleurs regrettent le manque de solutions alternatives à la voiture pour effectuer leurs déplacements », résume Julien Chabbal, président-directeur général d’Alphabet France.
Par ailleurs, 26 % des sondés optent pour un mode de déplacement doux, qu’il soit classique (marche à pied, vélo, trottinette) ou électrique. Enfin, les deux et trois-roues motorisés obtiennent 6 % des suffrages.
À noter que le total dépasse les 100 % à cause de la multimodalité : en effet, 29 % des actifs interrogés précisent utiliser deux moyens de déplacement différents ou plus pour effectuer leurs trajets domicile-travail.
Les ZFE-m, un impact très relatif
Le principe de la ZFE-m (zone à faibles émissions mobilité) est de limiter la circulation des véhicules les plus polluants dans un périmètre défini et selon des plages horaires déterminées. Pour circuler, chaque véhicule doit avoir une vignette Crit’Air apposée sur le pare-brise permettant de le distinguer en fonction de son niveau d’émissions de polluants atmosphériques. Aujourd’hui, 12 métropoles ont mis en place des zones à faibles émissions, et d’ici 2025, les 43 agglomérations de plus de 150 000 habitants devraient avoir instauré une ZFE-m. Plusieurs centaines de milliers de conducteurs sont donc concernés. Pourtant, seules 56 % des personnes interrogées ont connaissance de la catégorie Crit’Air du véhicule qu’elles utilisent pour effectuer leurs trajets domicile-travail. Pis, 69 % ne se sentent pas concernées, et 51 % pensent qu’elles ne seront pas concernées par les restrictions de circulation en ZFE-m dans les prochaines années…
Quid de la voiture électrique ?
Parmi ceux qui utilisent une voiture pour se rendre au travail, 90 % conduisent un véhicule essence ou diesel (39 % essence, 51 % diesel) et 9 % utilisent un véhicule électrifié (4 % totalement électrique, 5 % hybride). En région parisienne, la part d’utilisateurs de véhicules électrifiés atteint 16 %. Ceux qui utilisent une voiture électrique ou hybride mettent en avant les avantages économiques (74 %) et écologiques (60 %) de cette motorisation.
Parmi les conducteurs de véhicules thermiques interrogés, 43 % se disent prêts à passer à la voiture électrique et mettent en avant plusieurs arguments : c’est plus écologique (55 %), plus économique (43 %), plus silencieux (27 %) et plus agréable (22 %). Les conducteurs concernés sont également 34 % à préciser qu’ils n’auront bientôt plus d’autre choix, et 31 % que cela représente l’avenir.
En revanche, ils sont plus nombreux (57 %) à ne pas se sentir prêts à passer à l’électrique. Les freins évoqués sont le coût plus élevé à l’achat (67 %), la non-certitude que ce soit réellement écologique (49 %), le manque de bornes de recharge disponibles sur le domaine public (42 %), le temps de recharge trop long (40 %), l’autonomie estimée trop faible pour la distance à parcourir (38 %) ou encore la non-possibilité d’accéder à des bornes de recharge à domicile ou sur le lieu de travail (36 %).
« Près de la moitié des conducteurs interrogés se disent prêts à passer à la voiture électrique. L’occasion de rappeler que pour accompagner les actifs français dans cette transition, les entreprises ont plus que jamais un rôle à jouer », commente Julien Chabbal.
Le rôle des entreprises dans la mobilité de leurs collaborateurs
Parmi les actifs interrogés, 56 % déclarent bénéficier d’au moins une solution de mobilité via leur entreprise (59 % en 2022). En s’impliquant dans l’accompagnement de la mobilité de leurs collaborateurs, les entreprises peuvent influer sur les usages. Ainsi, sur les 9 % ayant accès à un véhicule de fonction ou de service mis à leur disposition par leur employeur (11 % en 2022), 21 % sont équipés d’une voiture électrique ou hybride. Auprès des équipés électrique et hybride rechargeable, 88 % ont accès à des solutions de recharge fournies par leur entreprise.
Par ailleurs, 16 % bénéficient d’un remboursement des frais kilométriques (20 % en 2022). Il s’agit de la seconde solution proposée par les entreprises, mais aussi la plus souhaitée : 40 % des personnes interrogées aimeraient que leur entreprise propose cette solution ou qu’elle continue à la proposer (38 % en 2022). Un résultat qui semble confirmer la préférence des actifs français pour les déplacements en voiture.
Le remboursement des titres de transports en commun reste la solution la plus répandue (26 % des sondés vs. 24 % en 2022). Enfin, 11 % des sondés affirment bénéficier d’un budget ou d’un forfait mobilité.
Quelles perspectives pour les trajets domicile-travail ?
À L’avenir, 84 % des personnes sondées souhaitent au moins une évolution concernant leurs trajets domicile-travail. Sans surprise, la volonté d’effectuer des trajets plus économiques arrive en tête avec 41 %, suivie par l’envie de réaliser des trajets plus rapides figure en deuxième position avec 33 %. Un résultat en phase avec la perte de temps, identifiée comme le désagrément nuisant à la qualité de vie au travail des actifs le plus évoqué. Quant au souhait de trajets plus écologiques (31 %), il fait écho au souhait répandu de passer à la voiture électrique.
Méthodologie : Étude en ligne réalisée par l’Ifop pour Alphabet France du 5 au 13 septembre 2023 auprès de 1 001 Français actifs de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession de l’individu, région et taille de l’agglomération).