Rémunérations : où en sont les métiers du workplace et de l’immobilier ?
Par Alexandre Foatelli | Le | Environnement de travail
Quelle est la situation sur les marchés de l’emploi des métiers du workplace et de l’immobilier en matière de rémunérations ? Grâce aux analyses sectorielles publiées par les cabinets de recrutement Hays et Michael Page, Républik Workplace Le Média fait le point notamment sur les métiers de directeurs Immobilier, Environnement de Travail et Office Manager.
Dans l’ensemble des secteurs d’activité, la 14e Etude de rémunérations publiée par Hays met en exergue un décalage notable entre les attentes des candidats et les pratiques des entreprises en matière de salaires et d’avantages. Bien que les entreprises aient majoritairement augmenté les salaires en 2024 (71 % d’entre elles), 46 % des candidats restent insatisfaits de leur rémunération, et ils ne sont que 37 % à considérer que leur revenu est en adéquation avec leurs responsabilités.
La communication sur ce sujet est un point faible pour les entreprises, avec 65 % des candidats indiquant qu’aucune information claire n’est fournie. Cela contraste avec les efforts des entreprises pour attirer et retenir les talents, où la transparence pourrait jouer un rôle crucial. Selon Hays, les entreprises doivent également considérer les avantages les plus valorisés par les candidats afin d’attirer et retenir les talents de manière plus efficace : les jours de congés supplémentaires et le télétravail/horaires aménagés sont en tête des avantages auxquels les candidats accordent le plus d’importance.
Quid des métiers des écosystèmes workplace et immobilier ? En s’appuyant sur les études de rémunérations publiées par Hays et Michael Page, voici un état des lieux des marchés de l’emploi sur ces secteurs d’activité.
FM & Services généraux, des emplois dynamiques
D’après l’étude sectorielle de Michael Page, le marché de l’emploi dans le secteur des Facility Management et Services Généraux (FM & SG) est dynamique et les candidats volatiles. Les profils expérimentés sont très sollicités et reçoivent plusieurs propositions d’emploi en même temps. À offre égale, ces derniers ont tendance à prioriser les entreprises fortement orientées sur la RSE, celles qui proposent de nouveaux modes de travail ou encore celles composées d’une équipe FM & SG déjà structurée.
Le secteur du bâtiment représentant 44 % de l’énergie consommée en France et plus de 123 millions de tonnes d’émission de CO² par an, l’amélioration de leur bilan énergétique, l’obtention de certifications environnementales, le déploiement d’espaces de travail jugés plus sains et ergonomiques sont devenus des enjeux prégnants pour bon nombre d’entreprises et mobilisent, de fait, des compétences nouvelles. À cet égard, les profils de responsables techniques et d’ingénieurs efficacité énergétique sont tout particulièrement recherchés, tandis que les bureaux d’études et de conseil en environnement ne cessent de se développer.
Enfin, les normes et les coûts se durcissent et les attentes des collaborateurs contraignent les différents acteurs de l’exploitation du bâtiment à adopter de nouveaux processus de maintenance toujours plus efficients, affinés et pilotés sur le long-terme. Les acteurs sont donc de plus en plus exigeants quant aux compétences des profils qu’ils recrutent, qu’ils soient pure-player ou utilisateurs : savoir-faire transverse et compétences techniques ou encore savoir-être permettant à la fois, la gestion des priorités, l’adaptabilité, le sens du service ou encore la proactivité.
L’Office Management et l’assistanat en pleine mutation
Dans le secteur de l’assistanat et de l’office management, les entreprises font face à des défis importants pour recruter des profils polyvalents et flexibles, capables de s’adapter à un environnement de travail hybride, note Michael Page. La pénurie de talents se fait sentir particulièrement pour les postes de haut niveau, où les compétences en leadership, en gestion du changement et en communication interculturelle sont cruciales.
Les compétences techniques les plus recherchées incluent la maîtrise des outils numériques, une excellente gestion du temps, et une capacité à gérer plusieurs tâches de manière efficace. Cependant, les soft skills deviennent tout aussi cruciales : aujourd’hui, les employeurs valorisent particulièrement l’empathie, la résilience et la capacité à travailler en équipe. En outre, les avancées technologiques, notamment l’intelligence artificielle et l’automatisation, révolutionnent les tâches administratives traditionnelles.
Du côté des candidats, leurs attentes évoluent vers une plus grande flexibilité de travail, des opportunités de développement professionnel continu ainsi qu’un meilleur équilibre entre vie professionnelle et personnelle. Selon Michael Page, l’évolution moyenne des salaires pour ces métiers a été de +5,7 % sur les 12 derniers mois.
Les métiers de l’immobilier à l’heure de la morosité
Un effondrement de 80 % : tel le chiffre alarmant du recul des volumes d’emploi sur une période de douze mois dans le secteur de l’Immobilier en France rapporté par le Hays. Et pour les acteurs de la promotion immobilière, la chute est plus brutale encore. L’édition précédente de l’étude Hays relevait qu’après plusieurs années de guerre des talents marquées par la hausse des niveaux de rémunération, l’heure était à la stabilisation et à la maîtrise des coûts salariaux. Pour les majors comme pour les PME, l’année 2024 fut quant à elle synonyme de plans de sauvegarde de l’emploi et, dans le meilleur des cas, par un gel des recrutements.
Ainsi, les projets de remplacement de collaborateurs démissionnaires font l’objet de longs arbitrages et l’alternance est largement utilisée pour assurer la continuité de l’activité tout en maîtrisant la masse salariale. À l’inverse, les acteurs de l’administration de biens et du property management font quant à eux preuve de résilience, et soutiennent l’emploi dans le secteur de l’Immobilier. Dans ce contexte, ce sont les profils expérimentés qui tirent leur épingle du jeu sur le marché de l’emploi, même si les opportunités sont rares, captant l’attention des recruteurs à la recherche de compétences tant opérationnelles que managériales.
De ce fait, les métiers évoluent et de nouvelles compétences émergent. Les enjeux de la filière, comprenant la digitalisation des processus et le développement des outils numériques de gestion, la diversification des offres de services et l’accompagnement des clients dans la transition énergétique, impliquent des évolutions dans les compétences. De leur côté, confronté à l’immobilisme des pouvoirs publics, une large partie des acteurs de la promotion immobilière et des organes représentatifs de la filière, sans perspective claire quant à une sortie de crise du logement, jouent la carte de la diversification. Pour leur survie, les promoteurs se réinventent : rénovation d’actifs, financement des projets d’accession des ménages via l’octroi de prêts à taux zéro, fléchage des zones d’accélération des énergies renouvelables visant notamment à développer des parcs solaires photovoltaïques, etc.