auum, le fossoyeur du gobelet jetable
Par Alexandre Foatelli | Le | Mobilier & équipements
En développant un système de nettoyage de tasses mobilisant la vapeur d’eau, auum constitue une alternative plus pratique que le lavage à la main ou l’installation de lave-vaisselle traditionnel. Une solution qui présente un impact RSE tangible, pour un coût intéressant pour les entreprises. Républik Workplace a rencontré Clément Houllier, cofondateur et CEO de la startup, afin d’en apprendre plus sur le fossoyeur du gobelet jetable.
Après six ans chez L’Oréal, Clément Houllier, ingénieur de formation, entre au sein de l’ETI industrielle Supratec au printemps 2018. C’est là-bas qu’il rencontre les deux futurs cofondateurs d’auum, Thomas Munoz et Mathieu Bourhis, et travaille avec son ami proche Maxime Prieto, directeur général de l’ETI. « C’est Maxime qui m’a fait venir dans l’entreprise pour gérer toute la partie innovation, et notamment la création du Startup Studio », raconte l’intéressé. Le concept de auum émerge seulement quelques mois après son arrivée chez Supratec, où l’une des filiales œuvre dans le secteur du nettoyage vapeur.
Les quatre compères identifient un marché important, sur lequel peu d’acteurs sont en place. « Nous étions persuadés que l’arrêt de l’usage unique allait devenir un enjeu de plus en plus central, ce qui implique le nettoyage pour les objets réutilisables tels que les tasses. Or, les solutions de nettoyage simple et rapide en entreprise étaient manquantes, tandis que le lavage à la main ou les lave-vaisselles ne fonctionnent pas de manière optimale en entreprise », explique Clément Houllier.
Le coût d’utilisation est de l’ordre de 3 centimes d’euros par tasse.
S’appuyant sur la connaissance du secteur des machines vapeur de Thomas Munoz et Mathieu Bourhis, qui géraient la filiale dédiée chez Supratec, le quatuor démarre l’aventure auum - pour « arrêtons l’usage unique maintenant » précise Clément Houllier - officiellement en janvier 2019. Mi-2020, la startup prend son indépendance du groupe Supratec.
Usage, prix et impact RSE
Dans le développement de sa solution produit, auum se repose sur trois axes. Le premier d’entre eux est l’usage, qui a été minutieusement travaillé. « Nous voulions aboutir à une machine design, où l’interaction avec l’utilisateur soit la plus simple possible et dont l’usage ne soit pas perçu comme une corvée, contrairement au lavage à la main ou au remplissage/vidage d’un lave-vaisselle », souligne le CEO. Une simplicité et une rapidité d’utilisation - un cycle dure 10 secondes - et d’installation - l’appareil peut fonctionner sans arrivée d’eau - qui rendent l’acte de nettoyage plus ludique et qui permet à auum, jusqu’à présent, de « systématiquement transformer l’essai » lorsqu’ils proposent un test chez des prospects. « Avant de parler du prix ou de l’impact RSE, savoir si les collaborateurs vont jouer le jeu et se servir de l’appareil est la question prioritaire », remarque Clément Houllier.
Le second volet sur lequel auum entend se démarquer, c’est justement sur le prix. « Le coût d’utilisation est de l’ordre de 3 centimes d’euros par tasse, ce qui nous rend légèrement moins cher qu’un gobelet en carton et deux fois moins onéreux qu’un récipient compostable », se targue l’entrepreneur. Dans le détail, ce prix se décompose dans un forfait mensuel de 180 euros par mois pour un appareil, lequel est calibré pour 100 utilisateurs qui consomment en moyenne trois gobelets par jour. Rapportés sur 20 jours ouvrés, le coût d’un nettoyage revient à 180/(100x3) x 20 = 0,03 euro. Un argument de poids, une fois de plus, face au lave-vaisselle traditionnel, dont l’installation et l’entretien est souvent couteux car confié au prestataire de facility management.
Dernière valeur ajoutée, et non des moindres, l’impact RSE. Grâce à la technologie de nettoyage vapeur, la machine auum ne consomme que 2 cl d’eau par cycle de nettoyage, se révèle peu énergivore et ne nécessite aucun produit chimique, de quoi en faire « la solution la plus écologique du marché » selon son cofondateur. La vapeur garantie, en plus du nettoyage, la désinfection des tasses à 99,9 %. Quant aux contenants spécifiques, à double parois et personnalisables aux couleurs de l’entreprise, « ils apportent un confort d’usage encourageant l’usage réutilisable plutôt que les gobelets jetables », indique Clément Houllier. Dans sa démarche RSE, auum met en avant le label Origine France Garantie, avec plus de 60 % de la valeur totale du produit produite localement.
Objectif de 1 000 machines en 2022
À date, auum a convaincu une cinquantaine d’entreprises-clientes, des grands comptes (Kering, L’Oréal, Galeries Lafayette, Colas, EDF, Vinci, BNP Paribas…) comme des petites structures (usines, bureaux d’avocats…). « Notre carnet de commandes est plein jusqu’en juillet prochains, se réjouit Clément Houllier. Notre objectif est de délivrer 1 000 machines en 2022 pour atteindre 6,5 millions d’euros de chiffre d’affaires. » L’entreprise projette de déménager prochainement son site d’assemblage de Bourg-la-Reine dans le 15e arrondissement de Paris, dans le but d’augmenter sa capacité de production. Quant au spectre des pénuries - selon une étude menée par le cabinet AgileBuyer et le Conseil national des achats, les problèmes d’approvisionnement vont concerner 68 % des sociétés en 2022 - auum se veut « très vigilants sur les composants électroniques » et n’a pas eu d’arrêt de production jusqu’à présent. « L’anticipation et tout le travail de planification portent aujourd’hui leurs fruits », souligne Clément Houllier.
La startup regarde aussi au-delà des frontières hexagonales. Déjà distribuées en Suisse par un intermédiaire en charge aussi de la maintenance, les petites machines vapeur lorgnent sur le marché européen et étaient présentes au dernier CES de Las Vegas pour sonder l’appétence de l’Oncle Sam pour les tasses nettoyées de manière ludique, peu couteuse et responsable. L’aventure américaine est un objectif à moyen terme pour auum, avec une arrivée envisagée au second semestre 2023.